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Jésus à Maria Valtorta

Maria Valtorta est une mystique italienne alitée et paraplégique depuis l'âge de 19 ans jusqu'à sa mort à 67 ans qui a eu vers la fin de sa vie, (alors que les médecins déclaraient qu'elle devrait être morte car plus rien ne fonctionnait dans son corps,) des visions sur la vie du Christ. Aujourd'hui de nombreux scientifiques se sont penchés sur ses écrits et on a retrouvé grâce à ses descriptions minitieuses des visions, la ville d'Emmaus. Voici une vidéo pour ce qui est scientifiquement inexplicable sans réelle vision 

 

 

 

source http://www.maria-valtorta.org/Quaderni/Apocalypse.htm

 

pour écouter tous ces textes sur une chaine youtube , cliquez ci dessous 

https://www.youtube.com/playlist?list=PLVVyLbuOAmoguodsHeyfgvsr5MsrD9wVL

 

 

 

545>  “Celui qui est″ (Apocalypse 1, 4) est l’ancien Nom de Dieu, celui par lequel Dieu s’est désigné à Moïse sur la montagne[1], celui que Moïse a enseigné à son peuple pour qu’il puisse nommer Dieu. Toute l’éternité, la puissance et la sagesse de Dieu étincellent dans ce nom. 

546>  Celui qui est : l’éternité.          

Dieu n’a pas eu de passé, il n’aura pas de futur Il est éternel présent.   

Si l’intelligence humaine, même la plus puissante des intelligences humaines, ou si un homme puissant, même le plus puissant, médite sur cette éternité avec un désir et une pensée purs, privés de tout orgueil humain, il sent - comme aucune leçon, méditation ou contemplation ne peut le lui faire sentir - qui est Dieu et qui il est, lui: le Tout et le rien, l’Éternel et le provisoire, l’Immuable et le changeant, l’Immense et le limité. C’est alors qu’apparaissent l’humilité, l’adoration qui convient à l’Être aimé à qui elle s’adresse, ainsi que la confiance puisque l’homme, ce rien, ce grain de poussière en comparaison du Tout et de toute la création du Tout, se sent sous le rayon protecteur de celui qui, existant de toute éternité, a voulu que les hommes soient, afin de leur donner son amour infini.         

 Celui qui est : la puissance infinie. 

Quelle chose ou quelle personne pourrait-elle exister par elle-même, à partir de rien ? Aucune[2]. Un nouvel astre ne saurait se former sans combustion ou fusion de particules disséminées dans les firmaments, de même que la moisissure ne se forme pas spontanément. L’astre, plus grand que la terre ou la moisissure microscopique nécessitent des matières préexistantes ainsi que des conditions particulières d’environnement aptes à former un nouveau corps, que ce dernier soit grand ou microscopique. Mais qui a donné à cet astre ou à cette moisissure le moyen de se former ? Celui qui a créé tout ce qui existe, parce qu’il est depuis toujours, et que depuis toujours il est puissant.     

 Il y eut donc, pour tout ce qui existe, un principe créateur qui soit créa directement (la première création), soit maintient et favorise la perpétuation et le renouvellement de la création. Mais qui l’a créé, lui ? Personne. Il est, par lui-même. Il ne doit son existence à rien ni à personne. Il est. Il n’a pas eu besoin d’un autre pour exister, de même qu’aucun autre être hostile - bien que créé par lui, puisque tout esprit, toute chair, toute créature du monde irrationnel perceptible est créé par Dieu - ne saurait l’amener à ne plus exister. Et si tout ce qui existe, au ciel spirituel dans la création sensible, dans les enfers témoigne déjà de son immense puissance, son être, sans avoir connu de principe autre que lui-même, est l’immense témoignage de son immense puissance.       

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547>  Celui qui est : la sagesse la plus parfaite, incréée, qui n’a pas eu besoin d’autoformation ni de la formation de maîtres pour exister. La Sagesse qui, en créant tout ce qui n’existait pas, n’a pas commis la moindre erreur, parce qu’elle a créé et voulu parfaitement.

Quel est l’inventeur, l’innovateur ou le penseur, même poussé par un juste désir de rechercher, de connaître et d’expliquer les mystères suprêmes et naturels, qui ne tombe pas dans quelque erreur et dont l’intelligence ne cause quelque préjudice à lui-même et aux autres ? La racine du mal fait à toute l’humanité ne tire-t-elle pas son origine du désir de nos premiers parents de connaître et de pénétrer les domaines de Dieu[3] ? À peine séduits par la fausse promesse de l’Adversaire, ils voulurent connaitre... et tombèrent dans l’erreur, comme y tombent encore les penseurs, les scientifiques et les hommes en général.       

 Mais Celui qui est, et qui est Sagesse parfaite, n’a pas commis d’erreur et n’en commet pas. Il ne faut donc jamais prétendre que le mal et la souffrance qui ont rendu imparfait ce qui fut créé parfait proviennent de Celui qui sait tout, mais bien plutôt de ceux qui voulurent et veulent encore sortir de cette loi d’ordre donnée par Dieu à toute chose et à tout être vivant. Si cet ordre spirituel, moral et physique parfait avait été respecté, il aurait maintenu la terre dans l’état de paradis terrestre et les hommes qui l’habitent dans l’heureuse condition d’Adam et Ève avant la faute[4].   

 “Celui qui est″, cet ancien nom de Dieu fut rapidement remplacé par un autre: Adonaï, sous l’effet d’un excès de vénération créé spontanément dans l’esprit des hommes conscients de leur condition d’êtres déchus de la grâce et méritant la sévérité de Dieu; c’était en effet l’époque où, pour les hommes, Dieu était le Dieu terrible du Sinaï, le Juge prêt à se venger. Ce nom d’Adonaï, tant à cause des différences de prononciation observables de région à région dans toutes les nations et à toute époque, que parce qu’il était employé trop rarement suite à une application trop intégrale du commandement : « Tu n’invoqueras pas en vain le Nom du Seigneur ton Dieu», provoqua une altération de la prononciation initiale : "Jéhovah"[5].     

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548> Il conserva cependant cette prononciation initiale en Galilée, où l’Emmanuel allait passer la quasi-totalité de sa vie de Dieu parmi les hommes, selon son nom prophétique d’Emmanuel[6], et d’où il allait circuler pour répandre la Bonne Nouvelle, lui qui était la Parole de Dieu faite homme, enfin pour entreprendre sa mission de Sauveur et de Rédempteur qui devait s’achever sur le Golgotha. 

 Dans le nom de Fils de Dieu fait homme, dans le nom que Dieu lui-même imposa à son Fils incarné et que l’ange des heureuses annonces avait communiqué à la Vierge immaculée[7], se trouve, pour qui sait lire et comprendre, un écho de ce nom[8] ; la Parole qui le portait enseigna de nouveau aux siens le vrai mot - Jéhovah - pour désigner Dieu, pour désigner le Père dont le Fils est engendré et desquels procède l’Esprit Saint. Il en procède pour engendrer, le moment venu, le Christ sauveur dans le sein de la Vierge.  

Le Fils de Dieu et de la Femme, Jésus. Celui qui, en plus d’être le Messie et Rédempteur promis, est le témoignage le plus vrai du Père et de sa volonté, le témoignage de la vérité, de la charité, du Royaume de Dieu.  

 Le Père et le Fils furent toujours un, même si le Fils avait provisoirement assumé une Personne humaine sans pour autant avoir perdu sa Personne divine éternelle[9] ; ils furent toujours un par l’Amour parfait qui les unissait, et ils se sont rendu mutuellement témoignage. Le Père le rend au Fils lors de son baptême au Jourdain[10], sur le Thabor, à la Transfiguration[11], au Temple pour la dernière Pâque, et aussi devant les païens venus pour connaître Jésus[12]. Mais il faut joindre à ce triple témoignage sensible les témoignages des plus grands miracles opérés par le Christ, presque toujours après avoir invoqué son Père. On peut vraiment affirmer que l’invisible présence du Père, qui est Esprit éternel et parfaitement pur, brille comme un rayon de lumière irrépressible, que nul obstacle ne saurait emprisonner, dans chaque manifestation du Christ, que ce soit en tant que Maître ou en tant que faiseur de miracles et d’œuvres divines.  

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549>  Dieu le Père avait créé l’homme à partir de la poussière et il lui avait infusé le souffle de la vie ainsi que l’âme, ce souffle divin et immortel. C’est encore le Père qui, invoqué manifestement ou non par le Fils[13], rend avec lui la vie à une chair mortelle, et avec elle l’âme et la restauration des chairs qui, par la mort (Lazare) ou la maladie (la lèpre) s’étaient déjà décomposées ou détruites; par la conversion du pécheur, il rétablit en lui la loi morale et recrée l’âme tombée dans le péché[14], jusqu’à la grande recréation à la grâce, par le sacrifice du Christ, pour tous ceux qui croient en lui et en accueillent l’enseignement en venant faire partie de son Église.        

 Puis le Fils révèle le Père au monde qui l’ignore[15], et même au petit monde d’Israël qui, sans l’ignorer, n’en connaissait pas la vérité d’amour, de miséricorde, de justice tempérée par la charité qui est sa nature[16]. « Qui me voit, voit le Père. Mon enseignement n’est pas le mien, mais à celui qui m’a envoyé. Vous ne connaissez pas la Vérité qui m’a envoyé, moi qui suis sa Parole, mais moi je la connais, parce qu’elle m’a engendré. Le Père qui m’a envoyé n’a pas laissé son Fils seul; il est avec moi. Le Père et moi sommes un[17]. » Et il révèle l’Esprit Saint, amour mutuel, étreinte et baiser éternels du Père et du Fils, Esprit de l’Esprit de Dieu, Esprit de vérité, Esprit de consolation, Esprit de sagesse qui confirmera les croyants dans la foi et les enseignera dans la sagesse, lui, le théologien des théologiens, la lumière des mystiques, l’œil des contemplatifs, le feu de ceux qui aiment Dieu.     

 Tout l’enseignement et toutes les œuvres du Christ portent témoignage au Père et révèlent le mystère incompréhensible de la sainte Trinité, de cette sainte Trinité par laquelle la création, la rédemption et la sanctification furent possibles. C’est encore cette sainte Trinité qui put, sans détruire la première création qui s’était corrompue, faire une recréation, ou la nouvelle création d’un couple sans tache, une nouvelle Ève et un nouvel Adam, par lequel la ramener à la grâce et par conséquent rétablir l’ordre violé et la fin ultime chez les hommes qui descendent d’Adam et pour eux.   

Par la volonté du Père, en vue des mérites du Fils et par l’opération de l’Esprit Saint, le Fils put prendre chair humaine en la Femme immaculée, l’Ève nouvelle et fidèle, puisque l’Esprit de Dieu recouvrit de son ombre l’Arche qui n’était pas faite de main d’homme. C’est ainsi qu’apparut le nouvel Adam, le Vainqueur, le Rédempteur, le Roi du Royaume des cieux auquel sont appelés ceux qui, s’ils l’accueillent avec amour et suivent son enseignement, méritent de devenir enfants de Dieu, cohéritiers du ciel.        

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550>  De ses premières paroles comme Maître à ses dernières au Cénacle et au sanhédrin, au Prétoire et sur le Golgotha, puis de celles-ci à celles qui précédèrent l’Ascension, Jésus ne cessa de témoigner du Père et du Royaume des cieux.       

Le Royaume de Dieu, le Royaume du Christ : ce sont là deux royaumes qui n’en font qu’un, puisque le Christ ne fait qu’un avec Dieu et que Dieu a donné au Christ et par lui toutes les choses qui ont été faites par lui, après que l’Éternel les eut déjà toutes vues en son Fils unique, qui est sagesse infinie, origine comme Dieu, fin comme Dieu, et cause, en tant qu’Homme-Dieu, de la création, de la divinisation et de la rédemption de l’homme. Ces deux royaumes n'en font qu’un, parce que le Royaume du Christ en nous nous confère la possession du Royaume de Dieu.  

 Lorsque le Christ dit au Père : "Que ton règne vienne" comme fondateur, Roi des rois, Fils et héritier éternel de tous les biens éternels du Père, il l’instaure sur la terre et l’établit en nous; il ne fait qu’un de son Royaume et de celui de son Père, il les unit en reliant au Royaume des cieux celui de la terre, comme par un pont mystique qui est sa longue croix d’Homme parmi les hommes qui ne le comprennent pas, et de Martyr à cause des hommes et pour le bien des hommes. À ce Royaume de Dieu, il donne pour palais royal l’Église, pour statuts les lois de l’Église, et pour roi lui-même, qui en est le Chef et le Pontife éternel. Comme tout roi il y institue ses ministres et le définit clairement comme "l’anticipation" du Royaume éternel. Enfin, il donne à l’Église le nom de "nouvelle Jérusalem terrestre" qui, à la fin des temps, sera transportée et transformée dans la "Jérusalem céleste″, lieu de bonheur éternel pour les ressuscités, qui y mèneront une vie connue de Dieu seul[18].         

 Ce Royaume de Dieu en nous est visible par l’intermédiaire de l’Église, mais aussi invisible. Il ressemble à son Fondateur qui, en tant qu’homme, fut et demeure un Roi visible et, en tant que Dieu, un Roi invisible puisqu’il est pur Esprit. On croit en lui par pure foi, car nul œil ni aucun autre sens humain n’a jamais vu Dieu avant qu’il ne s’incarne, pas plus que la première et la troisième Personne de la Trinité; mais on les reconnaît dans les œuvres qu’elles ont accomplies ou accomplissent encore. 

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551> Tout comme l’homme, ce Royaume a donc été fait à l’image et à la ressemblance de son Fondateur: or celui-ci est vraiment et parfaitement homme - et comme tel le prototype visible des hommes tels que le Père les avait créés en les contemplant dans son Verbe éternel et dans son Verbe incarné -, mais aussi vraiment et parfaitement Dieu - et comme tel pur Esprit, dont la nature divine spirituelle est invisible, mais vivant sans possibilité de début et de fin, puisqu’il est le "Vivant"-. Tel est le Royaume de Dieu, représenté sur terre par l’Église, société visible et vivante sans possibilité de fin depuis qu’elle fut constituée par le Vivant. Tel est le Royaume de Dieu en nous, invisible puisque spirituel, vivant dans sa partie spirituelle et vivant depuis sa création, à condition que l’homme ne détruise pas le Royaume de Dieu en lui par le péché et la persévérance dans le péché, tuant ainsi jusqu'à la Vie dans son âme.      

Ce Royaume doit être servi et conquis. Il doit être servi sur la terre et conquis dans l’au-delà, au fil des événements de la vie quotidienne. Par l’usage de la raison et jusqu’à la mort; chaque année, mois, jour, heure et minute est service du sujet de Dieu, en faisant sa volonté, en obéissant à la Loi, en vivant en "enfant" et non en ennemi ou en animal qui préfère une vie de petite jouissance bestiale et transitoire à une vie menée de façon à lui mériter la joie céleste. Chaque année, mois, jour, heure et minute est l’occasion de conquérir le Royaume des cieux.       

 "Mon Royaume n’est pas de ce monde", affirma plusieurs fois la Vérité incarnée à ses élus, à ses amis, et même à ceux qui la repoussaient et la détestaient par peur de perdre leur pauvre pouvoir. "Mon Royaume n’est pas de ce monde", témoigna le Christ lorsque, se rendant compte qu’on voulait le faire roi, il s’enfuit tout seul sur la montagne[19]. "Mon Royaume n’est pas de ce monde", répondit le Christ à Pilate qui l’interrogeait[20]. "Mon Royaume n’est pas de ce monde", dit-il encore une fois, la dernière, à ses apôtres, avant son Ascension. Et au sujet du moment de sa reconstruction, que ses élus espéraient encore humainement, il répondit: "Il ne vous appartient pas de connaître les temps et moments que le Père a fixés de sa seule autorité[21]".           

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552>  La royauté du Christ (Apocalypse 1, 7Apocalypse 19, 6Apocalypse, chapitres 19 à 21).           

Le Christ n’a donc cessé de témoigner du Royaume, de ce double Royaume qui, d’ailleurs, n’en fait qu’un : celui du Christ-Dieu en nous, et celui de nous en Dieu et avec Dieu, et qui deviendra le Royaume parfait, immuable, qui ne sera plus sujet aux embûches et aux corruptions lorsque "le Roi des rois viendra avec les nuées, et chacun le verra[22]", pour prendre possession de son règne, remporter la victoire sur tous ses ennemis, juger et donner à chacun ce qu’il aura mérité, et emporter les élus dans le monde nouveau, dans le ciel nouveau et la terre nouvelle, dans la nouvelle Jérusalem où il n’y a ni corruption, ni larmes ni mort[23].     

 Pour témoigner, par des moyens plus forts que les mots, qu’il est le Roi visible du Royaume de Dieu — autrement dit d’un royaume où la charité, la justice et le pouvoir sont exercés de manière surnaturelle — il accomplit ce qu’aucun roi ne saurait faire : il rendit leur liberté aux membres et aux consciences liés par la maladie, la possession ou quelque péché grave[24], il maîtrisa les forces de la nature et les éléments[25], et même les hommes, quand il convenait de le faire[26], ou encore il vainquit la mort (la fille de Jaïre[27], le fils de la veuve de Naïm[28], Lazare[29]); il faisait toujours preuve d’une charité et d’une justice parfaites et impartiales et instruisait avec une sagesse qui apportait un enseignement pour chaque cas matériel, moral ou spirituel, à tel point que ses ennemis eux-mêmes devaient reconnaître: "Personne n’a jamais parlé comme lui[30]."  

À ceux qui décrétaient: "Nous refusons que celui-là règne[31]", il répondait par des faits miraculeux sur lesquels la volonté des hommes ne peut exercer aucun pouvoir. Il répondit par sa Résurrection et son Ascension. Il leur montrait ainsi que, s’ils avaient pu le tuer, ce fut parce qu’il l’avait permis dans un but d’amour infini, mais qu’il est le Roi d’un Royaume où la puissance est infinie, puisqu’il peut par lui-même se ramener à la vie et s’élever au ciel, même en tant qu’homme véritablement charnel, auprès de son Père.   

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553>  En attendant de pouvoir accorder à ses élus le Royaume des cieux, il leur donne la paix[32], cette paix qui est, avec la charité, l’aura de son Royaume céleste et qui émane de lui. Il est en effet Celui qui est le Prince de la paix et, pour donner aux hommes la paix de la réconciliation avec Dieu, il est venu sur la terre, lui qui est l’Être éternel, prendre chair, sang et âme pour les unir hypostatiquement[33] à sa divinité, et accomplir le sacrifice parfait qui a apaisé le Père. Ce sacrifice est parfait, puisque la Victime immolée, afin d’effacer le péché de l’humanité et l’offense qu’elle avait faite à Dieu, son créateur, était véritablement chair pour pouvoir être immolée, une chair innocente et pure, mais aussi véritablement Dieu[34]. Par conséquent, son sacrifice fut parfait, suffisant et capable de laver la Tache et de restituer la grâce, capable de nous rendre à nouveau citoyens du Royaume de Dieu et serviteurs, non par esclavage mais par un sacerdoce spirituel qui rend hommage et culte à Dieu et œuvre à l’extension de son Royaume, pour que des âmes en abondance viennent à la Lumière et à la Vie. Cette Vie est immortelle aussi pour la chair ressuscitée des justes, et il nous en prouva la véracité par sa Résurrection après sa mort — lui, le Vivant —, devenant ainsi "le Premier-né d’entre les morts" de ceux qui reprendront au dernier jour la chair dont ils s’étaient dépouillés pendant des millénaires, des siècles ou des années, pour jouir avec elle — cet objet d’épreuve, de combat et de mérite sur la terre — de la joie inexprimable de la connaissance de Dieu et de ses perfections. 

 Premier-né d’entre les morts (Apocalypse 1, 5).  

À la lecture de cette phrase, une certaine confusion s’établit dans la pensée du lecteur peu formé, une sorte de doute y apparaît, et une question s’ensuit: « N’y a-t-il donc pas ici quelque erreur ou quelque contresens, puisque le Premier-né est Adam, premier-né à la vie de la grâce, au point que le Christ est dit "nouvel Adam ou second Adam" ? D’ailleurs, même si l’on exclut le premier homme puisqu’il est déchu de la vie surnaturelle et est demeuré tel jusqu’à la trente-troisième année de la vie du Christ, Marie, sa Mère, n’est-elle pas appelée la Première-née à la fois par une parole de Sagesse[35] et par sa conception et sa naissance avant son Fils, le Christ, en toute plénitude de grâce ? »     

Il n’y a ni erreur ni contresens.          

Adam est certes le premier homme, mais pas le premier-né, puisqu’il n’a été engendré par aucun père ni aucune mère, mais qu’il fut créé directement par Dieu.   

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554>  Jésus est le Fils unique du Père dont il est aussi le Premier-Né. C’est de la Pensée divine, qui n’a jamais eu de commencement, que fut engendré le Verbe qui, lui non plus, n’a jamais commencé. En tant que Dieu, il est donc le Premier-né absolu. Il est également le Premier-né en tant qu’homme, bien qu’il soit né de Marie, dite à son tour  "première-née" par la Sagesse et par l’Église[36], car, par sa paternité de Dieu le Père, il est le vrai Premier-né des enfants de Dieu, non par participation, mais par génération directe : "L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu[37]."  

Il est donc le Premier-né, même si avant lui sa Mère fut chantée sous le titre de "la fille première-née du Très-Haut[38]" et si la Sagesse, dont elle est le siège, dit à son propos: "Yahvé m’a créée, prémices de son œuvre, avant ses œuvres les plus anciennes. Dès l’éternité je fus établie[39].". Et encore: "Celui qui m’a, créée a reposé dans mon tabernacle[40]". Il est le Premier-né parce que si, par privilège particulier, sa Mère est très sainte et très pure, le Fils est infiniment saint, infiniment pur, et supérieur, infiniment supérieur à sa Mère en tant que Dieu.  

 Elle est fille première-née par élection du Père qui l’a possédée, son Arche sainte, depuis que sa Pensée l’a pensée et a établi que ce serait par elle que la Grâce viendrait restaurer la grâce chez les hommes, et aussi depuis que, après l’avoir créée pleine de grâce, il ne cessa de reposer en elle, avant, durant et après sa maternité. Elle fut vraiment pleine de grâce puisque immaculée, toujours pleine de grâce, rendue féconde par la grâce; c’est en elle et par elle que la Grâce incarnée et infinie prit chair et sang d’homme, et se forma dans son sein virginal, par son sang, par son œuvre exclusivement et par l’opération de l’Esprit Saint.     

 Quant à lui, il est le Fils premier-né par génération éternelle. C’est en lui que le Père a vu toutes les choses futures, pas encore créées, les matérielles et les spirituelles, parce que c’est dans son Verbe que le Père voyait la création et la rédemption, toutes deux accomplies par le Verbe et pour lui.   

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555>  Admirable mystère de Dieu! L’Immense s’aime, non d’un amour égoïste, mais d’un amour actif, tout-puissant et même infini, et c’est seulement par cet acte qu’il engendre son Verbe[41], en tout égal au Père hormis la distinction des personnes. Car si Dieu est un et trine — en d’autres termes une admirable Unité à trois faces, pour ainsi dire et pour rendre claire cette explication aux personnes non instruites —, c’est aussi une vérité de foi que ces trois faces sont bien distinctes. Théologiquement, il y a donc un seul Dieu et trois Personnes en tout égales par la divinité, l’éternité, l’immensité, la toute-puissance, mais sans confusion entre elles. Elles sont au contraire bien distinctes, et l’une n’est pas l’autre, si bien qu’il n’y a pas trois dieux mais un seul Dieu qui a donné de lui seul leur être aux Personnes divines particulières, par la génération du Fils et, par suite, en donnant origine à la procession de l’Esprit Saint[42].         

La Puissance voit et fait tout par la Sagesse, et c’est par la Charité, qui est l’Esprit Saint, qu’il accomplit ses plus grandes œuvres: la génération et l’incarnation du Verbe, la création et la divinisation de l’homme, la préservation de Marie du péché originel, sa maternité divine, la rédemption de l’humanité déchue. Elle voit et fait tout par la Sagesse, c’est-à-dire par celui qui est avant toute chose, et qui peut donc se dire à juste titre le  "Premier-né″.     

 Quand la création n’existait pas — alors que ça fait des millénaires qu’elle existe[43] et mène sa vie sous les formes et natures particulières que Dieu a voulu lui donner —, lui, la Parole du Père, était déjà. Et par lui tout ce qui n’existait pas et qui, n’ayant aucune vie, était comme mort, fut créé et posséda la "vie". La Parole divine amena tout à l’existence à partir du chaos dans lequel tous les éléments s’agitaient de manière désordonnée et inutilement. La Parole divine ordonna toute chose, et toutes devinrent utiles et vitales, de sorte que la création visible et sensible exista, et ce selon des lois de parfaite sagesse et dans un but d’amour.         

Effectivement, rien ne fut créé sans ce but d’amour et sans loi de sagesse. Tout fut fait par amour : depuis les gouttes d’eau recueillies dans les bassins jusqu’aux molécules rassemblées pour former les astres qui procurent lumière et chaleur, depuis les vies végétales destinées à nourrir les vies animales jusqu’à celles ordonnées au service et à la joie de l’homme. 

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556>  Or l’homme est le chef-d’œuvre de la création : par sa perfection animale et rationnelle, et surtout par la partie immortelle (le souffle même de l’Esprit) qu’il renferme, il est prédestiné à retourner à son Origine pour se réjouir en Dieu et être pour lui source de joie, puisque Dieu jubile à la vue de ses enfants. Tout fut donc fait par un amour qui, s’il lui avait été fidèlement retourné, n’aurait pas permis que la mort et la souffrance fassent douter l’homme de l’amour de Dieu pour lui.        

La mort : dans tout ce que Dieu avait créé, elle n’existait pas, pas plus que la souffrance et que le péché, cette cause de mort et de souffrance. Mais l’Adversaire les introduisit dans cette création merveilleuse. Et c’est par l’homme, perfection de la création, qui s’était laissé corrompre par l’Ennemi, par la Haine, que vint la mort, d’abord de la grâce ensuite de la chair; alors arrivèrent toutes les souffrances et tous les troubles consécutifs à la mort de la grâce en Adam comme en sa compagne, et chez tous les descendants de ces premiers parents.

 Comment peut-il donc être dit que Jésus est "le Premier-né d’entre les morts", s’il est né d’une descendante d’Adam ? Même si c’est par fécondation divine que sa Mère l’a engendré, Marie était bien née de deux parents justes, certes, mais porteurs du péché héréditaire transmis d’Adam à tout homme, péché qui prive de la vie surnaturelle. Ce sont là les objections de beaucoup de gens.     

Le Christ est "Premier-né" à un double titre, depuis sa naissance. Il est en effet né comme personne avant lui puisque, quand Adam a eu son premier fils, il ne pouvait déjà plus engendrer d’enfants surnaturellement vivants. Conçus alors que leurs parents étaient déjà corrompus et tombés dans la triple concupiscence, ils naquirent morts à la vie surnaturelle. À partir d’Adam et Ève, chaque père, chaque mère procréa de cette manière.   

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557> Anne et Joachim eux-mêmes avaient procréé ainsi, même s’ils étaient tous deux des justes, d’une part parce qu’ils étaient également atteints par le péché originel, d’autre part parce que la conception de Marie se produisit de façon simplement humaine et commune. Il n’y eut rien d’extraordinaire dans la naissance de Marie, la mère prédestinée de Dieu, si ce n’est l’infusion, par un privilège divin particulier accordé en vue de la future mission de la Vierge, d’une âme préservée du péché originel, une âme unique parmi celles de tous les enfants des hommes et des femmes, une âme immaculée.

En revanche, le Christ, né de Marie, est le premier-né d’un sein inviolé spirituellement, puisque Marie, fidèle à la grâce comme aucune femme depuis Ève, ne connut, je ne dis pas la plus légère faute vénielle, mais pas même la moindre turbulence capable de troubler son état de parfaite innocence et son équilibre parfait; il s’ensuit que l’intelligence, en elle, domina toujours la partie inférieure de son être, et son âme domina l’intelligence, comme c’était le cas en Adam et Ève jusqu’à ce qu’ils se laissent séduire par le Tentateur.       

 Le Christ fut aussi le premier-né d’un sein inviolé matériellement car, étant Dieu à la fois celui qui la rendit mère et celui qui en naquit, et donc doté du don propre aux esprits d’entrer et de sortir sans ouvrir de porte ou bouger de pierre, Dieu pénétra en elle pour y prendre nature humaine et en sortit pour débuter sa mission de Sauveur sans léser le moindre organe ni la moindre fibre.     

Le Premier et unique né naquit ainsi de la Pleine de grâce, le Vivant par excellence, celui qui allait rendre la Vie à tous ceux qui étaient morts à la grâce. Ce n’est pas du désir de deux chairs qu’il naquit, mais de la façon dont les enfants des hommes auraient reçu la vie s’ils s’étaient gardés vivants dans la grâce. Ce n’est pas l’appétit des sens, mais un amour saint pour Dieu, à qui ils auraient consacré ceux qui naissaient en état de grâce, un amour exempt de malice à l’égard de la femme qui devait guider la croissance et la multiplication commandées par Dieu: l’amour seul, pas corrompu par l’animalité.          

Une fois cet ordre violé, Dieu, pour recréer le nouvel Adam, dut le former par une femme immaculée et non plus avec de la boue qui, au comble de l’orgueil, avait voulu devenir semblable à Dieu, mais avec les éléments indispensables à la formation d’un homme nouveau, fournis uniquement par la Toute-Pure et la Tout-Humble, si humble que cette seule raison lui aurait mérité de devenir la Mère du Verbe. 

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558>  Le Premier-né d’entre les morts vint donc au jour pour porter la lumière à ceux qui gisaient dans les ténèbres, la vie à ceux qui étaient morts à la grâce, qu’ils soient encore sur terre ou déjà réunis dans les enfers, dans l’attente de la rédemption qui allait leur ouvrir les portes des cieux. Il fut également le Premier-né de ceux qui devaient revenir vivants au ciel, avec leur chair. Il est né d’une femme immaculée et fidèle à la grâce reçue, en plénitude il est vrai, mais qui, au lieu de rester comme un trésor inerte, fut toujours utilisée activement, et n’a cessé de croître en raison de la parfaite réponse de Marie à toutes les motions ou inspirations divines ; pour cette seule raison également, la condamnation "Tu redeviendras poussière", commune à tous les pécheurs à partir d’Adam et à cause d’Adam et de sa compagne, ne serait pas appliquée.    

La Mère de Dieu elle non plus ne redevint pas poussière, puisque, étant sans péché, elle était elle aussi exempte de cette condamnation commune. Effectivement, il n’aurait pas été juste que la chair qui avait servi d’arche et de terrain pour contenir le Verbe et donner au Germe divin tous les éléments requis pour en faire l’Homme-Dieu, devienne pourriture et poussière. Mais la Mère passa de la terre au ciel bien des années après son Fils.


Par conséquent, le Premier-né des ressuscités des morts, avec leur chair, est et reste Jésus seul : après sa suprême humiliation et sa totale immolation par obéissance absolue à la volonté du Père, il connut la glorification suprême par sa résurrection incontestable. Ils furent en effet nombreux, d’ailleurs pas tous ses amis, à voir son corps glorifié, et plus encore à le voir s’élever, entouré de l’hommage des anges, qui restèrent pour témoigner de ces deux vérités : « Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts? Il n’est plus ici. Il est ressuscité ». À sa résurrection, il était transfiguré par une beauté telle que Marie-Madeleine ne le reconnut pas jusqu’à ce qu’il se soit fait reconnaître. Ou encore: « Pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ? Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, viendra comme cela, de la même manière dont vous l’avez vu s’en aller vers le ciel[44] ».

 

Commentaires de l'Apocalypse.
Partie 2/6.
extraits des "Cahiers de 1945 à 1950".

 Partie 1/6  Partie 2/6  Partie 3/6  Partie 4/6  Partie 5/6  Partie 6/6.

559> Ainsi, c’est à la fois la Parole de Vérité, les anges qui ne peuvent mentir, la Mère dont la perfection en tout était inférieure uniquement à celle de Dieu, son Père, son Fils et son Époux, les apôtres qui ont assisté à l’Ascension, Étienne le premier martyr, et bien d’autres après lui, qui confirmèrent que Jésus est bien le Premier-né d’entre les morts parce qu’il est le premier homme à être entré au ciel avec son corps. On parle de "jour de sa nativité" pour désigner celui où un juste monte avec son âme libérée de la chair faire partie du peuple des esprits bienheureux. Jésus, le jour de sa nativité d’homme parfaitement saint, y fit sa demeure avec toutes ses qualités d’Homme-Dieu: avec sa chair, son sang, son âme et sa divinité, parce qu’il était le parfait Innocent.   

Mais il existe une seconde mort: celle de l’âme privée de grâce. Un grand nombre de justes attendaient depuis des siècles et des millénaires que la rédemption, en les purifiant du péché originel, leur permette d’entrer dans la Royaume de Dieu, là où seul peut entrer celui qui possède en lui la vie surnaturelle. Des hommes encore plus nombreux, venus après le Christ, attendent d’y pénétrer au terme de la purification de leurs fautes graves volontaires, ou lorsque la Justice parfaite ouvrira le ciel à tous ceux qui auront vécu et agi avec charité et justice, selon leur conscience, pour servir et honorer ainsi l’Etre dont ils pressentaient l’existence, faisant ainsi partie de l’âme de l’Église.       

On ne peut pas penser que Dieu, la Charité parfaite qui a créé toutes les âmes en les prédestinant à la grâce, puisse exclure de son Royaume ceux qui n’ont pas reçu le baptême de leur propre fait. Quelle faute ont-ils commise? Voulaient-ils de leur plein gré naître à un endroit pas catholique? Les nouveau-nés morts à la naissance sont-ils responsables de ne pas avoir été baptisés ? Dieu peut-il en vouloir à tous ceux qui ne sont pas "d’Église" au sens strict du mot, mais en font partie cependant parce qu’ils ont reçu leur âme de Dieu, sont morts innocents puisque à la naissance, ou bien ont vécu en hommes justes de par leur propension naturelle à faire le bien pour honorer le Bien suprême dont tout, en eux comme autour d’eux, témoigne de l’existence? Non, et une indication probante que ce n’en est pas le cas consiste dans le jugement inexorable et extrêmement sévère que Dieu porte sur ceux qui suppriment une vie, même embryonnaire, ou à peine venue au jour, l’empêchant ainsi de recevoir le sacrement qui efface le péché originel. Pourquoi cette rigueur, si ce n’est parce que ces âmes d’innocents vont être séparées de Dieu pendant des siècles ou des millénaires, dans un état qui n’est certes pas de peine, mais pas non plus de joie?         

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560> Peut-on penser que le Très-Bon qui a prédestiné tous les hommes à la grâce puisse en frustrer ceux qui ne sont pas catholiques sans que ce soit de leur plein gré?     

« Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père » (Jean 14, 2), a dit le Christ. Quand ce monde n’existera plus et sera remplacé par un monde nouveau, un ciel nouveau, les nouveaux tabernacles de la Jérusalem éternelle, quand toute la création rationnelle connaîtra la glorification par l’exaltation des ressuscités — qui étaient les justes — à la possession du Royaume éternel de Dieu, même ceux qui furent unis seulement à l’âme de l’Église auront leur demeure au ciel; en effet, seuls le ciel et l’enfer subsisteront éternellement, et l’on ne saurait penser que la Charité pourrait condamner au supplice éternel des créatures qui ne l’auraient pas mérité.    

Après avoir rendu l’esprit dans les mains de son Père, Jésus Christ fut le premier à entrer avec son saint Esprit dans le Royaume de la vie, à la place d’Adam, qui aurait dû être le premier homme à venir faire partie du peuple céleste et qui, par son manquement, dut attendre des millénaires avant d’y entrer avec son âme et doit en attendre encore bien plus avant d’y entrer avec sa chair réunie à son âme. Mais pas Jésus. À l’instant même où il rendit l’esprit "en poussant un grand cri" (Matthieu 27, 50), son âme pleinement juste fut, comme celle de tout un chacun, jugée par le Père. Du fait de l’amour infini de sa nature de Dieu-Homme, il s’était chargé de toutes les fautes passées, présentes et à venir de l’humanité — mais non de la Faute qui enlève la grâce, cette vie de l’âme — pour les consumer toutes par sa totale immolation. Comme avant la consommation du sacrifice, le Père  "traita celui qui n’avait pas connu le péché comme s’il était le Péché même" (2 Corinthiens 5, 21) de sorte que, lorsque tout fut accompli, "il l’a exalté et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout Nom, pour que tout, au nom de Jésus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue proclame de Jésus Christ qu’il est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père" (Philippiens 2, 9-11).           

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561> Après avoir été jugée, son âme d’homme parvenue à la perfection put aussitôt se réjouir dans le Seigneur et se reposer en lui jusqu’au moment où, réunie à son corps, le Vivant, qui avait connu la mort, devint le glorieux Ressuscité, le premier glorieux ressuscité avec sa chair, le premier homme né au ciel en corps et en âme, prémices des ressuscités, promesse de résurrection pour les justes, et gage de la possession du Royaume dont il est le Roi et l’héritier premier-né.

C’est toujours au Premier-né que revient l’héritage du Père, cet héritage qu’il a établi pour ses enfants. Mais pour que tous les frères du Christ puissent avoir part à cet héritage éternel, saint et royal, il le leur lègue par un testament saint écrit de son propre sang; et pour que tous les hommes prennent place dans le Royaume que le Père lui a donné et qu’il a accepté pour le transmettre aux hommes ses frères, il s’est laissé donner la mort: en effet, seule la mort du testateur donne sa valeur au testament (He 9, 16-17).

Jésus, le Premier-né de nombreux frères, fut le premier à prendre possession du Royaume dont il est Roi et Seigneur des âges éternels, conformément à la volonté du Père. Or le Père est le Tout-puissant, l’Alpha et l’Omega, le Principe, la Fin, la Puissance, la Sagesse et la Charité. Il sait tout ce qu’il fait, et il fait tout parfaitement, dans une bonne intention. C’est dans ce but encore qu’il a engendré son Verbe et que, le moment venu, il lui a donné un corps, l’a immolé, puis ressuscité et exalté, et qu’il a remis entre ses mains transpercées tout pouvoir de jugement; il s’ensuit que ceux qui le verront après l’avoir transpercé, soit matériellement soit par l’offense de leurs péchés, se frapperont la poitrine à deux moments: au jugement particulier et lors de l’apparition finale du Christ Juge. Il en sera comme cela a été établi.

Celui qui doit venir. (Apocalypse 1,8)
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De quelle manière? Sûrement pas en reprenant chair. Si son retour est certain, il l’est tout autant qu’il ne prendra plus jamais un autre corps puisque, dès la première fois, il en possède un parfait, éternel et glorifié par Dieu son Père.     

562> Il ne viendra pas pour une seconde rédemption. Il n’y en aura pas d’autre, car la première a été suffisante et parfaite. Depuis cette époque, les hommes ont tous les éléments et les secours surnaturels nécessaires pour demeurer dans le peuple des enfants de Dieu recréés et passer de la recréation à la "super-création", à condition de le vouloir. Car si, comme il est dit avec sagesse, "l’homme est une capacité que Dieu emplit de soi", et si "la grâce est une semence que Dieu dépose dans l’âme" ou encore un rayon qui descend illuminer et féconder", il est logique que l’homme qui seconde la volonté et les inspirations divines voie sa capacité à contenir Dieu augmenter et se dilater au fur et à mesure qu’il croît en âge et en capacité à comprendre et à vouloir: comprendre les paroles spirituelles de Dieu, en d’autres termes les motions que Dieu suscite en chacun pour l’amener à une justice toujours plus grande, et volonté de parvenir à la fin pour laquelle il a été créé. De même, la semence de la grâce, si l’homme en seconde la croissance avec fidélité et s’il met en pratique la Loi et les vertus, passe de l’état de petite graine à celui de grand arbre portant des fruits de vie éternelle. Enfin, plus l’âme croît en grâce et s’élève sur la voie de la perfection, plus le rayon augmente sa puissance de lumière, comme cela se produit pour toute personne qui monte d’une vallée vers les sommets d’une montagne.

Cette capacité qui se dilate pour contenir toujours plus Dieu, cet arbre qui croît en souverain dans le jardin de l’âme, ce rayon du Soleil éternel qui passe de l’état de rayon à celui d’océan de lumière à mesure que l’homme s’élève vers le Père des lumières portent l’homme, recréé par la grâce obtenue par les mérites du Christ, à sa "supercréation"— c’est-à-dire à son identification à Jésus —, en assumant une humanité nouvelle, à son exemple et sur son modèle. Cette humanité nouvelle transforme l’homme, créature rationnelle, en une créature divinisée qui pense, parle, agit de la façon la plus semblable possible à la manière de vivre de son Maître éternel durant sa vie terrestre, et qu’il commanda à ses fidèles d’adopter « Tout disciple accompli sera comme son maître. » (Luc 6, 40).  

Voici vingt siècles que l’homme a tout ce qui lui est nécessaire pour posséder le Royaume éternel et parvenir à la fin pour laquelle il a été créé, de sorte qu’il n’y aura pas de seconde rédemption de la part de l’Homme-Dieu. L’homme qui perd la grâce par faiblesse a le moyen de la réacquérir et de se racheter. De même qu’il chute tout seul, il peut se racheter tout seul en se servant des dons perpétuels institués par le Christ pour tous les hommes qui veulent y puiser. 

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563> Ce n’est pas non plus par une seconde évangélisation que viendra le Verbe du Père. Il ne viendra pas personnellement. Pourtant, il évangélisera. Il suscitera de nouveaux évangélisateurs qui évangéliseront en son nom. Ils le feront sous une forme nouvelle, appropriée à l’époque, une forme nouvelle qui ne changera pas la substance de l’Évangile éternel ni de la grande Révélation, mais lui donnera plus d’amplitude, la complètera, la rendra compréhensible et acceptable même à ceux qui, à cause de leur athéisme ou de leur incrédulité sur les quatre fins de l’homme[1] et sur bien d’autres vérités révélées, allèguent "qu’ils ne peuvent pas croire des choses qu’ils ne comprennent pas, ni aimer des êtres dont on connaît trop peu de choses, surtout si ce peu provoque crainte et découragement au lieu d’attirer et d’encourager".        

En vérité, ces nouveaux évangélisateurs existent déjà, même si le monde en partie les ignore et en partie les combat. Mais ils deviendront toujours plus nombreux et quand la terreur saisira les sots qui aujourd’hui se gaussent des nouveaux évangélisateurs, le monde, après les avoir ignorés, raillés ou combattus, se tournera vers eux pour qu’ils leur servent de force, d’espérance et de lumière dans les ténèbres, dans l’horreur, dans la tempête de la persécution des antéchrists. Car s’il est vrai que les faux prophètes au service de l’Antéchrist seront de plus en plus nombreux avant la fin des temps, il est tout aussi vrai que le Christ Seigneur leur opposera ses serviteurs en toujours plus grand nombre, en suscitant de nouveaux apôtres là où l’on croit le moins.          

Par pitié pour ces pauvres hommes emportés par la tourmente de sang, de feu, de persécution, de mort, l’infinie Miséricorde fera resplendir sur cette mer de sang et d’horreur l’Etoile pure du matin, Marie, qui sera l’annonciatrice de la dernière venue du Christ. Il s’ensuit que les nouveaux évangélisateurs enseigneront l’Évangile de Marie, en vérité trop laissée dans l’ombre par les évangélistes, les apôtres et tous les disciples, alors qu’une connaissance plus vaste d’elle aurait servi d’enseignement à bien des gens, évitant ainsi de nombreuses chutes. Elle est en effet corédemptrice et joue le rôle de maître: un maître de vie pur, fidèle, prudent, compatissant et pieux, chez elle comme parmi les hommes de son temps.           

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564> Elle n’a cessé d’enseigner au cours des siècles et elle est digne d’être d’autant mieux connue que le monde s’enfonce dans la boue et les ténèbres, afin d’être plus imitée pour ramener le monde vers ce qui en est dégagé.       

Les temps qui viennent seront des temps de guerre, pas seulement matériellement, mais surtout entre le matérialisme et l’esprit. L’Antéchrist cherchera à attirer les êtres rationnels vers le bourbier d’une vie bestiale. Le Christ cherchera à empêcher ce reniement, non seulement de la religion mais même de la raison, en ouvrant des horizons nouveaux et des voies éclairées par des lumières spirituelles, et en suscitant, chez ceux qui ne le repoussent pas ouvertement, un puissant réveil de la vie spirituelle, avec l’aide de ces nouveaux évangélisateurs non seulement du Christ mais aussi de la Mère de Dieu. Ils porteront l’étendard de Marie. Ils conduiront à Marie. Et Marie, qui fut déjà une fois cause et source — indirecte mais néanmoins puissante — de la rédemption de l’homme, le sera de nouveau. Elle est en effet l’Adversaire sainte de l’Adversaire perfide, et son talon est destiné à écraser le dragon infernal pour toujours, de même que la Sagesse, qui a établi son siège en elle, est destinée à vaincre les hérésies qui corrompent les âmes et les intelligences.     

Il est inévitable que viennent ces temps où les ténèbres lutteront contre la lumière, la bestialité contre l’esprit, le satanisme contre les enfants de Dieu survivants, Babylone contre Jérusalem; les luxures de Babylone, les triples luxures[2] déborderont comme des eaux fétides et impossibles à contenir, elles s’infiltreront partout, jusque dans la Maison de Dieu, comme cela est déjà arrivé et comme il est dit que cela doit encore arriver, en ces temps de séparation ouverte entre les fils de Dieu et de Satan pendant lesquels les fils de Dieu parviendront à une puissance spirituelle encore jamais atteinte, et ceux de Satan à une puissance de mal tellement grande qu’aucune intelligence ne saurait imaginer ce qu’elle sera réellement. C’est alors que la nouvelle évangélisation aura lieu, en plénitude, et elle connaît aujourd’hui ses premiers réveils, soumis à une opposition.       

Elle accomplira de grands miracles de conversion et de perfection. Et la haine satanique s’efforcera de lutter par tous les moyens contre le Christ et la Femme. Mais ces derniers ne pourront être atteints par leurs ennemis: cela ne serait ni approprié ni utile.     

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565> Il ne peut y avoir de plus grande offense contre Dieu que de s’en prendre aux deux personnes qui lui sont les plus chères: son Fils et la Mère qui, à leur époque déjà, subirent les offenses les plus odieuses et les plus douloureuses; mais aujourd’hui qu’ils sont déjà glorifiés depuis des siècles, ils ne sauraient être offensés sans qu’un châtiment de Dieu horrible et immédiat ne s’abatte sur les offenseurs.      

C’est pourquoi cette dernière évangélisation aura lieu au moment opportun et d’une manière appropriée, en utilisant de nouveaux moyens, et les personnes désireuses de Lumière et de Vie les obtiendront en plénitude, parfaitement, données d’une façon connue par les seuls donateurs, Jésus et Marie. Mais ceux qui auront choisi les ténèbres et la boue, l’hérésie et la haine contre Dieu et Marie, en d’autres termes ceux qui sont morts avant d’être morts, les âmes corrompues, les âmes vendues à Satan et à ses serviteurs, c’est-à-dire les précurseurs de l’Antéchrist et l’Antéchrist lui-même trouveront les ténèbres, la boue, les tourments et la haine éternellement — comme cela est juste —, lorsque celui qui doit venir viendra.     

Jésus, dans son corps glorifié d’une beauté inconcevable, n’est pas différent de ce qu’il était sur terre (Apocalypse 1, 17). Il est différent en ce sens que tout corps glorifié acquiert une majesté et une perfection qu'aucun mortel, quelles que soient sa beauté, sa majesté et sa perfection, ne sauraient avoir. Mais il n’est pas différent parce que la glorification de la chair n’altère pas les traits de la personne. Dès lors, à la résurrection des corps, celui qui était grand sera grand, la personne frêle sera frêle, le robuste sera robuste, le blond et le brun le resteront, et ainsi de suite. Toutefois, les imperfections disparaîtront, car dans le Royaume de Dieu tout est beauté, pureté, santé et vie, comme cela aurait dû être le cas au paradis terrestre, conformément à ce qui était établi, si l’homme n’y avait apporté le péché, la mort et les souffrances de toutes sortes, depuis les maladies jusqu’aux haines entre les hommes.  

Le paradis terrestre était la figure matérielle de ce que sera le paradis céleste habité par les corps glorifiés. Les aspects naturels du paradis terrestre se retrouveront dans le Royaume éternel, mais sous une forme transfigurée.   

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566> De même le soleil, la lune, les étoiles qui étaient des lumières de puissance différente créées par Dieu pour éclairer la demeure d’Adam, seront remplacés par le Soleil éternel, par la Lune aimable et toute pure, par les in nombrables étoiles — par Dieu Lumière qui revêt de sa lumière Marie qui a pour assise la lune et pour couronne les plus belles étoiles du ciel; par Marie, la Femme au nom stellaire qui a vaincu Satan par sa pureté immaculée; et par les saints qui forment les étoiles de ce ciel nouveau, puisque la splendeur de Dieu se communique aux justes (Apocalypse 21, 23 – Apocalypse 12, 1 – Matthieu 13,43). Le fleuve qui irriguait le paradis symbolisait le moyen par lequel l’humanité serait inondée par des eaux qui allaient la laver de ses péchés et la rendre fertile pour la naissance et la croissance des vertus, digne de plaire à son Créateur. Ce fleuve avait quatre bras, comme la croix d’où le fleuve du sang divin se répandit pour laver, fertiliser et rendre l’humanité déchue agréable à Dieu; il sera remplacé par le fleuve d’eau vive qui jaillit du Trône de Dieu et de l’Agneau et coule dans la Cité de Dieu (Apocalypse 22, 1). Quant à l’arbre de vie, lui aussi symbole de l’Arbre qui al lait rendre la vraie vie à ceux qui l’auront perdue — la croix où pendait le très saint Fruit qui donne la vie et d’où provint le Remède à tous les maux de l’être qui peuvent donner la mort véritable —, il sera remplacé par les arbres "de part et d’autre du fleuve" dont parle l’Apocalypse 22, 2.          

Toutes les imperfections disparaîtront, ai-je dit. Les habitants de la Jérusalem céleste, désormais parvenus à la perfection et plus susceptibles de pécher — car si les pécheurs encore impurs ne peuvent entrer dans la Cité de Dieu, c’est impossible également à tout ce qui peut occasionner impureté, abomination ou mensonge —, n’auront plus aucune imperfection de quelque nature que ce soit. Si le grand Séducteur a pu pénétrer dans le paradis sensible, il ne pourra s’insinuer au paradis céleste (Isaïe 14, 12-15). Lucifer, déjà précipité du ciel dans les enfers à cause de sa rébellion, sera enseveli et deviendra "néant" à la fin des temps, avant que ne viennent le nouveau ciel et la nouvelle terre, pour qu’il ne puisse plus agir, nuire ou faire souffrir ceux qui, après avoir surmonté toutes sortes d’épreuves et de purifications, vivront dans le Seigneur.        

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567> Aucune imperfection de l’esprit et de l’intelligence ne subsistera donc. Les imperfections physiques elles-mêmes disparaîtront, elles qui auront été croix et tourment, qu’elles soient méritées du fait d’une vie immonde, ou imméritées si elles proviennent de l’hérédité ou de la férocité des hommes. Les corps glorifiés des enfants de Dieu seront tels qu’ils auraient été si l’homme était resté intact en tout point, comme Dieu l’avait créé, et les trois parties qui le composent seront aussi parfaites qu’à sa création par Dieu.      

Jésus, l’Homme-Dieu, est absolument parfait puisqu’il est Dieu incarné. Il est intact puisque innocent et saint, sans lésion qui pourrait constituer pour lui un handicap ou un motif de honte dans aucune de ses composantes, car ses cinq plaies sont des joyaux de gloire et non des marques d’infamie. Il est parfaitement lumineux puisqu’il est  "lumière" en tant que Dieu, "très glorieux" en tant qu’homme, à tel point que son corps, ses cheveux et ses vêtements paraissent blancs, comme il le devint au Thabor, en soutane puisqu’il est "prêtre selon l’ordre de Melchisédech" (Psaume 110, 4), c’est-à-dire par une ordination directement divine, devenu tel par le Père, et portant une ceinture en or en tant que Pontife éternel. Il apparaîtra donc à tous tel qu’il était comme homme et chacun le reconnaîtra, et dans la gloire qu’il possède pour avoir, par obéissance à l’Amour, fait l’expérience de la mort pour donner à tous la Vie. Et les bienheureux se réjouiront de le voir.

"Je suis le premier et le dernier." (Apocalypse 1, 8 – Apocalypse 21, 6 – Apocalypse 22, 13)          
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Comme Dieu n’a pas de commencement, le Verbe de Dieu n’en a pas non plus. Il a néanmoins un commencement mystérieux, celui qu’indique Jean — qui était inspiré — au début de son évangile de la Lumière: "Au commencement était le Verbe." Ce commencement sans commencement, sans la moindre époque qui permette de le situer étant donné que l’Éternel ne connaît pas de limite de temps mais une immensité sans fin d’éternité, qu’était-il donc ? C’est l’un des mystères de que le Verbe éclairera personnellement aux âmes quand elles seront dans son Royaume. Car c’est là, dans son Royaume, que le Verbe illuminera tout et rendra tout connaissable.       

568> Mais pour les hommes — à qui la chair et l’exil rendent impossible la pénétration des mystères et difficile leur compréhension, même dans la mesure de ce qui est compréhensible à ceux qui vivent sur la terre —, il faut dire que ce commencement sans commencement existe depuis que Dieu est et, parce qu’il est, engendre et aime ce qu’il engendre: autant dire depuis toujours, car le premier être engendré de son sein fécond d’amour ardent et parfait au plus haut point, c’est son Verbe, éternel comme lui.  

À ceux qui ont le plus de mal à comprendre, on pourrait dire que le premier embrasement de la Charité engendra le Verbe et suscita la procession de l’Esprit Saint. Mais étant donné qu’il n’y a pas de premier flamboiement de la Charité pour quelqu’un d’éternel, il vaut mieux dire que la parfaite Unité et Trinité de Dieu n’a pas connu de commencement au sens que les humains donnent à ce mot, et que le mystère, étant mystère, nous sera révélé seulement quand nous ne ferons qu’un avec Dieu, comme le Christ l’a demandé et l’a obtenu pour nous.

Il est inutile de chercher auparavant à pénétrer et à connaître la vérité de ce mystère. Le mystique le plus ardent, le contemplatif le plus profond, l’adorateur le plus véridique ont beau presque oublier leurs exigences humaines, se plonger dans cette immensité de hauteur qu’est la Divinité, y sombrer, y brûler, s’en élever, se lancer vers elle pour connaître dans le but d’aimer toujours mieux, pour implorer l’Objet de leur unique amour de leur dévoiler la Vérité, de leur donner la révélation de ce mystère pour pouvoir l’expliquer à tant de gens qui, en le connaissant, seraient attirés vers l’Amour, ils ne pourront jamais obtenir la pleine connaissance de ce mystère tant qu’ils seront revêtus de chair.

Il faut croire, par foi, par pure foi. Croire sans les limites des investigations humaines. Accueillir les vérités qui nous sont proposées sans vouloir se les expliquer. Croire fermement, simplement, totalement. Plus l’on croit de cette manière, plus le voile du mystère devient fin, à tel point qu’on a par moments la sensation spirituelle qu’il se déchire un instant; cela confirme alors l’âme dans ses espérances surnaturelles de posséder Dieu, et cela produit un embrasement d’amour plus ardent qui, en nous unissant de plus en plus à Dieu, favorise un nouvel éclair de révélation de ce mystère sublime. Ce sont là des instants relatifs et anticipés de la connaissance qui formera notre béatitude éternelle. Alors nous connaîtrons tout ce que nous avons à peine entrevu ici-bas de la Vérité, plus ou moins relativement et en proportion de notre vie d’identification au Christ, Sagesse, Vérité et Connaissance du Père, et de notre union à la Divinité.    

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569> Nous connaîtrons Dieu, ce Dieu qui est depuis toujours. Nous connaîtrons le Verbe, ce Verbe qui est depuis toujours et qui est pourtant engendré par le Père sans avoir eu pour autant un moment initial de génération. Ce Verbe "consubstantiel au Père" au ciel et sur la terre, pendant son existence d’homme. Ce Verbe qui ne fait qu’un avec le Père et en est cependant distinct par la Personne qui, elle, ne fait pas qu’un avec celle du Père, mais est une Personne propre, et une Personne divine. Quand le Verbe prit une nature humaine, elle ne fut pas effacée ou absente pour autant, mais s’unit à celle qui demeurait bien distincte dans le Christ, comme elles sont unies dans l’admirable Unité trine; c’est un vrai témoignage que l’union à Dieu peut bien exister en l’homme, devenu par la grâce fils de Dieu ou créature divinisée. Cette union est absolument parfaite et unique dans le Verbe fait homme qui, tout en restant Dieu, a pris un corps mortel. Et cette union est relative, mais pas moins vraie, chez l’homme qui est élevé de l’état de créature naturelle et raisonnable à celui de créature divinisée par participation à la vie surnaturelle.       

Après tout ce qui précède, on voit que Jésus Christ, qui viendra au moment voulu et de la bonne manière parce qu’il est l’Éternel, est appelé à juste titre "le Premier et le Dernier″.       

Il est premier par l’être et premier par l’enseignement. D’abord par sa Parole de sagesse qui s’adressait aux patriarches et aux prophètes par des voies surnaturelles, puis comme Maître aux foules de Palestine, et encore plus tard à ses serviteurs et instruments qui vivent sur la terre, de nouveau par des moyens surnaturels. De même, il est le dernier en ce qui concerne l’enseignement, car au ciel, pour les esprits bienheureux puis pour les ressuscités, il sera le Verbe; or c’est par le Verbe, par Jésus, que les citoyens du ciel recevront leur ultime enseignement, l’enseignement parfait et complet qui leur fera connaître toutes les vérités — incompréhensibles puisqu’il s’agit de "mystères de la foi" — que les docteurs, contemplatifs et mystiques se seront vainement efforcés de comprendre. 

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570> Il est le Maître éternel, le premier et dernier Maître. Il sera encore le Maître quand toutes les écoles de docteurs auront cessé d’être. Il est le Maître qui comblera toutes les lacunes séculaires et millénaires sur la connaissance de Dieu, qui illuminera la profondeur du mystère demeuré obscur aux intelligences humaines et effacera les erreurs de toutes les écoles humaines. Par son premier "fiat" en tant que premier Maître qui sait parfaitement comment chaque chose doit être faite pour être bonne, il donna l’existence à la création sensible; de même, son dernier "fiat" provoquera la fin de tout ce qui est soumis à la corruption et sera jugé "bonne chose" qui n’existe plus; c’est alors que naîtra le monde nouveau: tout sera établi d’une manière nouvelle et immuable, conformément à sa volonté de Maître parfait et de Juge suprême, à qui le Père a accordé tout pouvoir du Royaume de Dieu dans les cieux, du Royaume de Dieu dans les cœurs, du jugement sur toutes les créatures — angéliques, rationnelles ou infernales — afin que toutes, au ciel, sur terre et aux enfers, adorent, connaissent et perçoivent qu’il est celui qui est, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, l’Alpha est l’Oméga, le Tout-Puissant.

Chapitre II
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L’Apocalypse est un livre de révélation, certes. Mieux, elle conclut la grande Révélation. Mais c’est aussi un livre prophétique. 

Révélation et prophétie proviennent toutes deux de Dieu. En effet, seul Dieu les inspire. Seul Dieu peut les inspirer puisque, étant la Vérité même, il est le seul à la connaître. Et il connaît tous les événements à venir puisqu’il est l’Éternel, l’Omniscient, le Tout-Puissant.    

La prophétie est comme la projection d’événements futurs, vus par Dieu seul et illuminés pour ceux qui vivent dans les brumes de leur présent provisoire.

Or nombreux sont ceux qui réduisent leur vie chrétienne à recevoir les sacrements, à obéir au précepte d’observer les jours d’obligation, à prendre part aux processions, à aller écouter les sermons - oui, même cela -, mais qui, si on les interroge, ne savent pas répondre à la plupart des questions, ne connaissent pas la signification de certains mots alors que les mots " prophéties et prophètes″, "apôtres" ou d’autres encore revêtent des sens différents.

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571> Ils confondent ce qui est bon, ce qui est lumière, et ce qui n’est pas bon, ce qui ne vient pas de la lumière, parce qu’ils ne savent pas. C’est pourquoi, de même qu’ailleurs on a utilisé la comparaison d’un polyèdre à trois faces[3] pour leur expliquer l’Unité et la Trinité de Dieu, la comparaison se base cette fois, pour faire comprendre à ces analphabètes de la religion ce qu’est la révélation et ce qu’est la prophétie - peut-être comprendront-ils -, sur la projection de faits réels mais survenus dans un autre endroit et à une époque antérieure, ou au contraire sur la projection d’événements qui adviendront certainement, mais ne sont pas encore; or une seule Intelligence les connaît, une seule Pupille les voit, une seule Parole peut les illustrer.   

Au cours des siècles, l’homme a fait maintes inventions et découvertes, certaines bonnes, d’autres mauvaises, d’autres encore qui auraient pu être bonnes en ce sens qu’elles pouvaient être des moyens de formation, d’instruction, et même d’élévation, mais sont devenues mauvaises parce qu’elles ont servi à exciter les bas appétits de la partie inférieure de l’homme, à corrompre l’intelligence, donc à nuire à l’âme. L’une de ces choses qui aurait pu être bonne mais est devenue mauvaise pour avoir servi à illustrer le vice, le crime, le péché, c’est le cinéma. La presse en est une autre. Mais la première sert à faire passer nos idées. Par ses films, le cinéma peut illustrer des événements et des personnages du passé. Avec plus ou moins d’exactitude historique, d’ailleurs, car l’homme fait rarement bien ce qu’il fait, et plus rarement encore dans le respect de la vérité des choses. Quoi qu’il en soit, il est possible, grâce à ses inventions, de montrer à des personnes vivantes des événements ou des us et coutumes des siècles ou des millénaires passés. Le film passe et l’homme regarde.



Dieu prend un homme - qu’il soit prophète ou inspiré par lui, en tout cas choisi par lui dans ce but - et, à ses yeux ou à ses oreilles spirituels, il éclaire ou raconte des faits du passé dont la vérité s’est altérée, que ce soit dû à la succession des siècles ou à une altération volontaire causée par des schismes religieux, des hérésies ou des recherches scientifiques dénuées de sagesse religieuse. Il peut également lui éclairer ou lui raconter des événements à venir que, dans son éternel Présent, lui seul connaît. Ils voient alors, ils entendent, comme si un film sonore leur était projeté. Et Dieu les charge de manifester ce qu’il leur révèle, de devenir sa main et sa bouche pour écrire ou relater ce qu’il a plu à Dieu de leur révéler.       

 

Commentaires de l'Apocalypse.
Partie 3/6

extraits des "Cahiers de 1945 à 1950".

 Partie 1/6  Partie 2/6  Partie 3/6  Partie 4/6  Partie 5/6  Partie 6/6.

             

 

572> Ces comparaisons - Jésus lui-même se servait de comparaisons pour faire comprendre ses enseignements à ses disciples - permettront à beaucoup de comprendre ce qu’est la prophétie et ce que sont les prophètes, ce qu’est l’inspiré ou le voyant et combien il faut les croire, car ils annoncent ce qu’il est bon de savoir pour progresser sur une voie sûre, à condition toutefois qu’ils ne disent rien d’incompatible avec la foi et la grande Révélation.     

Les prophéties sembleront à certains, non seulement incompréhensibles car trop obscures, mais aussi obsolètes si elles se réfèrent à des événements survenus il y a plusieurs siècles de cela. C’est certain : bien des choses qui y sont mentionnées ont eu lieu et ne se répèteront pas. Mais beaucoup se reproduiront comme ce fut déjà le cas chaque fois que l’humanité s’est retrouvée dans la même condition que celle pour laquelle cette prophétie fut livrée. Ainsi, l’incarnation du Verbe et la fondation de l’Église ne se reproduiront pas, puisque l’Église fondée par Jésus, son Pontife et Chef éternel, ne peut périr en raison de la promesse divine, de sorte qu’il ne sera jamais nécessaire d’en fonder une nouvelle. En revanche, il est vrai que les punitions permises par Dieu, à la suite des abominations qui ont pénétré dans le lieu sacré et des injustices humaines, se reproduiront comme elles le font d’ores et déjà. Il en ira de même pour bien d’autres choses.          

Tout comme l’humanité connaît des cycles alternés de justice et d’injustice, de foi réelle et de foi simplement extérieure - "la lettre et non l’esprit de la foi" - ou même de non foi en ce qui concerne les cinq dixièmes de la population mondiale, elle connaît également des cycles alternés de châtiments et de pardons, déjà soufferts et obtenus sans qu’elle en devienne meilleure pour autant. Et comme les prophéties sont annoncées par des personnes qui ont pu voir "le Temps" sans limites dans le temps, elles servent souvent à être lumière et guide, voix de la vérité, conseil de miséricorde pour chaque époque.         

Prophétie de l’apôtre de la lumière et de l’amour, l’Apocalypse éclaire - et ce par amour - les temps, chaque temps, jusqu’aux derniers temps.       

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573> Dix-neuf siècles sont déjà passés depuis que Jean eut la révélation qu’on appelle "l’Apocalypse", et l’on pouvait dire que le temps de sa réalisation, comparé à l’éternité, serait "proche". Certes ce temps d’attente, mesuré à l’aune du temps terrestre, fut et demeure long, mais si l’on se réfère à l’état des sept Églises, il est actuel aujourd’hui comme hier.            

Lorsque Jean voyait les sept Églises de son époque, les sept lumières plus ou moins lumineuses d’alors, il ne voyait pas qu’elles seulement, mais aussi les autres Églises qui allaient se former au cours des siècles, tout comme il a entrevu ce qui est arrivé et ce qui doit arriver, sur terre, au ciel et aux enfers.     

Il a vu les lumières de sainteté et les ombres d’injustice, la croissance de la spiritualité et celle de l’humanité - ou plutôt du matérialisme -. Il a vu le feu de la charité et de la sagesse qui s’en nourrit flamboyer en s’élevant vers le ciel. Mais il a aussi vu les fumées brumeuses de la science privée de sagesse ramper sur le sol quand l’homme tente de se donner une explication de lui-même et de bien d’autres choses de la création par son seul savoir; les fumées nauséabondes des luxures du moi, de toutes les luxures; les fumées coupables des égoïsmes et des férocités. Fumées, fumées, rien d’autre que de la fumée, et une fumée nocive qui rampe à terre, s’insinue, souille, empoisonne et tue. Elle tue les "bonnes" choses, au sens que Dieu donne à ce mot, et que nous qualifierions de "plus belles": les trois et les quatre vertus, les rapports sociaux, les consciences, les intelligences, la paix de la famille... toutes choses que cette fumée, là où l’ardeur de la charité fait défaut, tue, empoisonne, souille et pénètre. Jean a encore vu la formation du monde nouveau, le monde de Jésus, de son Royaume. Et aussi la formation d’un monde nouveau à l’intérieur du nouveau: celui de l’Antéchrist et de son royaume.    

Il a vu les triomphes du christianisme comme ses défaites, l’admirable unité de la Bergerie du Christ comme la séparation rebelle de parties entières du troupeau. Jean a tout vu. Sa vision était si vivante qu’il lui semblait que tout devait se réaliser sur le-champ. Mais non ! Des siècles et des siècles devaient encore s’écouler avant que ne s’accomplisse tout ce que le voyant de Patmos a vu. Néanmoins tout s’accomplira comme il l’a dit et comme cela s’est déjà partiellement réalisé à différentes époques, sans atteindre cependant l’accomplissement des choses mauvaises vues d’avance par Jean.

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574> Tout cela est humain, difficilement parfait, et encore plus difficile à ne pas répéter. L’appartenance au Peuple de Dieu n’a pas empêché les Hébreux de retomber fréquemment dans les mêmes péchés. L’exemple d’Adam, des châtiments divins dont les moyens furent le déluge, la dispersion des peuples après l’orgueil de Babel, la destruction de Sodome et de Gomorrhe, l’oppression en Égypte n’empêchèrent pas le peuple de pécher. La miséricorde de Dieu qui les délivra de l’oppression du Pharaon et voulut leur donner une patrie et une loi excellentes ne conduisit pas les hommes à ne plus pécher par reconnaissance à Dieu. Ils péchèrent même pendant le voyage vers la Terre Promise, alors que Dieu, en vrai Père, les comblait de ses dons.    

L’homme restera toujours l’homme, dans l’ancienne religion comme dans la nouvelle, toutes deux divines. Qu’il appartienne à l’ancienne ou à la nouvelle Église. « Vous me cherchez, non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé et que vous avez été rassasiés » (Jean 6, 26). L’humanité est toujours la même. Elle est attirée par ce qui est extérieur et prodigieux, par ce qui représente une nouveauté ou quelque jouissance matérielle, par des espérances et des promesses humaines que l’on pense pouvoir atteindre, plutôt que les choses intérieures, surnaturelles, alors que c’est plus prodigieux, plus joyeux, plus sûr et surtout plus durable, puisque éternel.  

Judas est le prototype parfait des personnes séduites par les prodiges matériels et les espoirs d’honneurs humains capables de rassasier la cupidité intellectuelle et celle des yeux. Il en est le parfait prototype, incapable de conversion.      

Cependant, les autres apôtres et disciples eux-mêmes ne furent pas vierges de cette faiblesse humaine, incomplète chez eux et dont ils se dégagèrent peu à peu jusqu’à en être si détachés qu’ils pouvaient endurer toutes sortes d’humiliations et de persécutions, au point de savoir se dépouiller de leur propre vie pour obtenir la vie éternelle. Une fois confirmés dans la foi, l’espérance et la charité, confirmés dans la grâce et la sagesse, dans la piété, la force, la sainte crainte de Dieu, dans tous les dons du Paraclet, ils devinrent autant de "maîtres" et de  "fondateurs", non pas d’une nouvelle doctrine et de nouvelles Églises, car une sont la doctrine et l’Église parfaites, mais de la doctrine et de l’Église dans d’autres peuples et d’autres régions.      

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575> Depuis, vingt siècles se sont écoulés, de nouveaux apôtres ont succédé aux premiers, de nouvelles Églises, d’autres Églises, dans de nouvelles contrées de la terre. L’activité apostolique n’a connu ni pause ni interruption même si, par la faute des hommes, et malgré ses progrès, elle régresse en étendue - d’ailleurs pas seulement en cela -. Poursuite de l’activité, propagation de l’évangélisation, expansion du Corps mystique, ce sont là des vérités indéniables et des conséquences logiques, étant donné que Jésus nourrit son Église, la guide et l’encourage; or Jésus est éternel, il est puissant, il est saint. Sa sainteté descend et circule dans le Corps tout entier, sa puissance donne des forces mystérieuses à ses serviteurs, son éternité empêche l’Église de mourir.         

Néanmoins, elle a beau progresser et s’étendre depuis vingt siècles dans de nouvelles régions, elle s’arrête, régresse, meurt même dans d’autres par la faute et la mauvaise volonté de certains hommes. Est-ce un péché particulier à notre époque ? Non, il est de tous les temps. Cela arrive plus ou moins complètement et profondément, quand des déviations, des interruptions, des séparations et jusqu’à la "mort" se produisent dans les rameaux qui constituent toute la Vigne mystique. Elles furent de natures différentes, et plus les siècles passaient plus graves furent la déviation et la défection de rameaux de la Vigne. Aujourd’hui, c’est le temps de la Négation.    

Jean a vu tout cela. Il a tout vu d’avance. Il les a vues dans les sept Églises d’alors. Il les a vues dans les Églises d’aujourd’hui, dont les sept Églises de son temps n’étaient pas seulement la vérité mais aussi la figure. Il a donc aussi vu d’avance l’horreur actuelle, celle de la Négation dans un trop grand nombre d’endroits et d’âmes. Il vit d’avance l’horreur extrême : le temps de l’Antéchrist.     

Il a tout vu à travers sa première vision. La conséquence finale est le résultat de la première conséquence. Cela se répète par cycles au cours des âges, de façon toujours plus accentuée au fur et à mesure de la croissance de l’Église. Il est logique, bien que douloureux, qu’il en soit ainsi.      

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576> Car le Christ est d’autant plus haï et combattu par l’Antéchrist que son affirmation et son triomphe dans les saints se renforcent. Le Corps mystique remporte-t-il des victoires ? L’Antéchrist augmente son pouvoir et déclenche des combats plus atroces. Effectivement, si le Christ veut triompher, comme il se doit, l’Antéchrist le veut pareillement, et sa violence augmente à mesure que le Christ triomphe davantage, pour le vaincre et l’abattre. Oh, il n’y arrivera pas ! Le Christ est le Vainqueur. Mais il l’espère et il essaie. Et comme il lui est impossible de remporter une victoire collective sur le Peuple de Dieu tout entier, il cherche des victoires individuelles ou nationales, en détournant des intelligences, en possédant des âmes, en arrachant des peuples à l’Église.      

Les sept Églises avaient été fondées peu de temps auparavant, par ceux qui avaient été envoyés dans ce but par Dieu directement : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples » (Matthieu 28, 19). Ensuite, et conformément à la promesse divine, ils avaient reçu l’Esprit Saint qui leur "enseignera tout et leur rappellera tout" (Jean 14, 26) ce que Jésus leur avait dit de manière à être compris, c’est-à-dire en les rendant capables de comprendre les choses les plus élevées afin que, "revêtus de la force d’en haut" (Luc 24, 49), ils soient capables de devenir les fondateurs de quelque chose d’aussi élevé que le Royaume de Dieu parmi les hommes. Malgré cela, l’imperfection - et même plus que l’imperfection - s’était déjà formée dans un grand nombre de ces Églises, car l’Adversaire (ou Antéchrist) était déjà à l’œuvre spirituellement, et il travaillait déjà à la corruption et à la destruction des forteresses spirituelles du Royaume de Dieu : créer des discordes entre les membres, insinuer de subtiles hérésies, susciter des orgueils stupides, conseiller de lâches compromis entre la conscience et la loi de la chair, ainsi que des restrictions mentales odieuses à Dieu dont le langage est "oui, oui; non, non" et qui veut que ce soit celui de ses enfants et fidèles; refroidir la charité, augmenter l’amour de la vie terrestre, des richesses et des honneurs matériels.    

Voilà l’œuvre de l’Adversaire, infatigable lorsqu’il s’agit de travailler à tenter de vaincre Dieu et de détruire ce qu’il a créé, en tirant profit de tout ce qui peut le seconder et que les hommes eux-mêmes lui fournissent par leur imperfection personnelle ou par réaction à des actions injustes menées par les membres plus forts à l’égard des membres plus faibles.  

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577> Il faut dire ce qu’il est juste de dire. Manquer à la justice et à la charité - qui attirent les âmes comme du miel céleste vers la ruche mystique et les y gardent dans la fidélité - provoque des réactions chez les membres lésés, de la souffrance, du scandale, et même de la méfiance et des séparations.          

L’Église a été fondée par l’Amour, et on devrait toujours y trouver une charité parfaite. L’Église est nourrie par l’Amour et elle devrait faire preuve d’une charité parfaite à l’égard de tous ses membres, même et surtout des plus petits et des faibles, pour les nourrir et les garder en vie. L’Église a reçu le commandement d’enseigner la charité. Mais malheur si son enseignement se limitait à la lettre au lieu d’être pratiqué dans son esprit!      

Vivre dans l’amour pour permettre aux agneaux d’y vivre, c’est là le devoir des pasteurs. Malheur à l’agneau qui ne fait pas preuve d’un amour révérenciel qui va jusqu’à la renonciation de son libre jugement et de sa liberté d’action pour faire de bonnes choses que Dieu laisse à l’homme (il lui laisse même toute liberté, se bornant à lui dire ce qui est bon et ce qui ne l’est pas); or si les agneaux voient que la charité est exigée par les pasteurs alors qu’ils la refusent aux agneaux, que se passe-t-il ? À cause d’un cœur qui ne s’ouvre pas aux besoins infinis des âmes — je parle du cœur des pasteurs —, les âmes se dirigent ailleurs, vont frapper à d’autres portes; or ce sont parfois des portes qui s’ouvrent sur les besoins matériels, fournissent du pain, des vêtements, des médicaments, des conseils, une aide pour trouver un emploi, pour ne pas être chassé de chez soi par quelque riche au cœur dur, mais qui ôtent aussi la foi et la justice des cœurs. C’est bien ce qui se passe. Pour du pain, pour un vêtement, un toit, une aide pour rétablir la justice envers un persécuté, une âme — si ce n’est plusieurs — abandonnent la bergerie, le pâturage, la voie de Dieu, et s’en vont vers d’autres pâturages et d’autres voies, les premiers matériels, les secondes antichrétiennes.      

Au cours de l’évolution séculaire de la Vigne mystique, il s’est produit beaucoup de séparations, même de la part de sarments importants. Les causes en sont multiples, et toutes ne provenaient pas d’une rébellion spontanée des membres, mais aussi d’une rébellion provoquée par un rigorisme sans charité ou sans justice qui impose aux autres de porter des fardeaux qu’ils ne portent pas eux-mêmes.            

578> C’est pour cette raison qu’Israël connut guerres intestines et schismes. C’est pour cette raison que le petit peuple a suivi le Christ. C’est toujours pour cette raison que, aujourd’hui encore, des membres se séparent ou, du moins, restent perplexes, quand ils ne tombent pas dans le scandale.

Les sept églises (Apocalypse, chapitres 2 et 3 )    
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Observons maintenant les sept Églises d’alors, telles que Jean les a vues et les a entendues être jugées par le Juge éternel. Nous y reconnaîtrons déjà en œuvre ce qui, par la suite et avec une plus grande ampleur, fut et est toujours en œuvre dans les Églises ou religions qui portent le nom de "chrétiennes" sans être pour autant catholiques: les Églises séparées.   

Elles se sont donné une constitution humaine en ne conservant de la véritable Église que ce qu’elles ont bien voulu garder pour pouvoir se prétendre encore "chrétiennes". Mais être chrétien ne signifie pas seulement prier le Christ, le prêcher de telle ou telle manière, ça ne veut pas dire être encore plus rigoriste dans certains domaines que les vrais catholiques. Prier Dieu, prêcher Dieu, être rigide dans tout ce qui touche au service formaliste de Dieu, les prêtres, les scribes et les pharisiens de l’époque de Jésus le faisaient tout aussi bien parmi les hommes. Néanmoins, et à de rares exceptions près, cela n’a pas fait d’eux des "chrétiens", mais plutôt des "antichrétiens".  

Etre chrétien signifie faire partie du Corps mystique par l’appartenance à l’Église de Rome en tant que catholique, en appartenant au Christ par une vie vraiment conforme à son enseignement et à ses commandements. Autrement, on n’est pas chrétien dans les faits, pas même si l’on est catholique en ce sens qu’on a reçu le baptême selon le rite de l’Église romaine ainsi que les autres sacrements. Même si l’on n’est pas tombé ou resté dans une faute grave, même si on n’en est pas allé jusqu’à renier sa foi ou à faire partie des sept condamnations de l’Église, ou encore jusqu’à appartenir à des partis politiques condamnés pour être précisément condamnables. On n’est pas un vrai chrétien, un chrétien dans les faits, si l’on ne mène pas une vie chrétienne; il en va de même si l’on n’honore pas Dieu par un culte intérieur vivant, constant, même dans l’intimité de la maison, un culte intérieur toujours présent, même dans le travail intellectuel ou manuel, toujours actif, jusque dans les rapports sociaux qu’il faut toujours entretenir avec tous nos prochains qui nous sont plus ou moins unis par les liens du sang ou des rapports sociaux.      

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579> On n’est pas un vrai catholique ni un chrétien dans les faits lorsqu’on pratique uniquement un culte extérieur et formel pour être admiré, ou uniquement intérieur pour ne pas être tourné en dérision comme bigot, ou encore pour éviter quelque préjudice matériel. On ne l’est pas davantage tant qu’on ne cherche pas à pratiquer les vertus le plus parfaitement possible, jusqu’à l’héroïsme si l’occasion s’en présente; tant qu’on ne pratique pas ce que l’on appelle "le complément de la loi, c’est-à-dire la charité", dont les œuvres de miséricorde constituent autant de variantes; tant qu’on n’essaie pas de renoncer à l’habitude vicieuse qui est cause de péché; tant qu’on pèche contre l’Esprit Saint en doutant de la miséricorde divine qui pardonne au repenti, en présumant pouvoir se sauver tout seul, en méprisant ou en niant les vérités lumineuses de la foi — non seulement les premières et les principales, mais tout ce que contient le Credo et que les dogmes anciens et récents ont défini —, en nourrissant de l’envie à l’égard des justes, en restant des pécheurs et des impénitents obstinés; tant qu’on porte atteinte à la vie de notre prochain ou même seulement à sa santé corporelle ou à son honneur; tant qu’on foule aux pieds l’ordre de la nature par des actes abominables que les animaux eux-mêmes ne commettent pas de manière pleinement fautive puisqu’ils ne possèdent ni raison ni conscience; ou encore en opprimant les pauvres, en pratiquant l’usure pour en tirer un profit illicite, en exploitant outre mesure les travailleurs ou en leur refusant un juste salaire.         

Une telle vie mérite les jugements sévères de Jésus aux scribes, aux pharisiens et aux marchands du Temple. Puisque l’Évangile devrait être un livre lu chaque jour par tout chrétien, phrase par phrase, en méditant sur ces vérités qui apportent la Vie, il serait opportun que les passages où Jésus distingue une vie religieuse authentique d’une vie religieuse apparente ou mensongère soient fréquemment lus, relus et médités! Que chacun s’examine lui-même. Qu’il se compare au pharisien et au publicain, au pharisien et à la pécheresse, au lévite et au bon Samaritain, qu’il médite sur les riches qui jetaient le superflu de leurs richesses dans le Trésor et sur la veuve qui y mettait "tout ce qu’elle avait pour vivre", et qu’il voie à quelle catégorie il appartient.    

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580> Et s’il se rend compte qu’il appartient à la catégorie qui pratique seulement un culte extérieur, qu’il se ravise et devienne un vrai disciple du Christ, un véritable enfant de Dieu et un frère du Christ, en d’autres termes un chrétien de nom et, mieux, dans les faits.          

Sinon, de telles personnes auront beau porter le nom de chrétien, ce ne seront pas des sarments nourris par le Christ. Ils seront des sarments séparés qui, s’ils ne sont pas complètement secs parce qu’une tendance naturelle à faire le bien les pousse à agir en justes, se sont néanmoins replantés tout seuls, orgueilleusement; ils ont donné naissance à un plant à part qui produit de la piquette et non du bon vin. Pour que cela soit de nouveau possible, il leur faut se regreffer sur la vraie Vigne, la seule vraie vigne qui permette aux sarments de porter des fruits abondants et saints.  

Cela vaut aussi bien des sarments individuels que de ceux qui forment une vigne à part: les Églises séparées. Comme elles se sont séparées et se sont donné une constitution propre imaginée par leur fondateur — un homme, et non l’Homme-Dieu —, elles ne peuvent posséder la plénitude de vie spirituelle que seule l’appartenance au Corps mystique maintient et qui les préserve de séparations plus importantes, non seulement du Corps en tant que tel, mais aussi de la vérité et de la lumière qui rendent assuré le chemin de l’Église terrestre vers celle des cieux.           

En outre, ne pas appartenir au Corps mystique fait déchoir de la justice, comme on le voit plus que jamais aujourd’hui. La séparation s’approfondit. Effectivement, certaines Églises séparées ne se contentent pas de ne témoigner ni respect ni obéissance à l’égard du Pasteur suprême. Non seulement elles se permettent d’élever des protestations quand le souverain pontife définit de nouvelles vérités grâce à des lumières divines; non seulement, tout en prétendant servir le Christ, elles lui arrachent — ou du moins essaient de le faire — des personnes qui lui appartiennent, qui sont de sa Bergerie et que les séparés tentent d’amener à eux, vers d’autres pâturages où tout n’est pas bon, en particulier l’essentiel; mais — et c’est monstrueux — ils se mettent à célébrer la Bête, l’Antéchrist, et à approuver ses idéologies.

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581> Mais cela aussi est dit: "Emerveillée, la terre entière suivit la Bête" (Apocalypse 13, 3), bien qu’on voie que, par obéissance au dragon qui lui laisse tout pouvoir, "elle mène campagne contre les saints et les vainque" (Apocalypse 13, 7) (matériellement). Elle mène campagne contre les saints, c’est-à-dire contre ceux qui adorent le vrai Dieu et lui de meurent fidèles en aimant de tout leur cœur le Fils de l’Homme et de la Femme, et en aimant la Femme qui servit de tabernacle à Dieu et fut sa louange éternelle, l’image et la ressemblance parfaite de Dieu. Elle n’est pas comme nous, dès lors que l’hérédité funeste d’Adam a défiguré et affaibli cette ressemblance divine en nous. Elle n’est pas non plus comme Adam et Ève avant la faute: c’étaient deux innocents, deux enfants de Dieu, avec qui le Créateur dialoguait sous une forme, certes mystérieuse mais qu’on ne peut mettre en doute pour autant (Genèse 1, 28-30; 2, 16; 3, 9-11.13.16-19.21), deux prédestinés à vivre éternellement de et dans la béatitude de la vision de Dieu. Non. Marie, façonnée par la main divine pour servir de "forme au Dieu incarné" qui était l’image parfaite du Père — « Qui me voit, voit la Père » (Jean 14, 9) -; Marie avec qui le Dieu un et trine entretint toujours des colloques comme on le fait avec une fille, une épouse, une mère véritables; Marie, qui ne cessa de contempler son Seigneur de toutes ses facultés fut et demeure le très pur reflet de l’image de Dieu, beauté et perfection suprêmes. Il s’ensuit que celui qui contemple Marie voit ce qui constitue la beauté indescriptible qui emporte les habitants éternels du ciel à des sommets de béatitude.         

De par sa naissance humaine, Marie est une créature, notre sœur. Mais elle est aussi la créature divinisée dont nous pouvons seulement être de toutes petites sœurs spirituelles, à condition de le vouloir. Elle est le chef-d’œuvre du Dieu créateur des hommes. Elle est enfin le signe, la mesure, la forme sensible de ce que Dieu a depuis toujours destiné aux hommes qui vivent en enfants de Dieu.      

L’homme croit imparfaitement à la résurrection de la chair et à la participation de la chair ressuscitée à la joie de l’âme bien heureuse; il est incapable de croire à cette vérité - du moins, il en doute - et n’en est toujours pas persuadé par la résurrection de Jésus Christ puisqu’il dit: « Lui, il était Dieu, par conséquent... » Mais devant la vérité établie par l’assomption de Marie au ciel avec son corps et son âme, il ne peut plus douter. Son intelligence y reconnaît un moyen qui l’incite puissamment à croire à la résurrection de la chair et à sa participation à la joie éternelle de l’âme.  

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582> Jésus est celui qui nous révèle Dieu le Père. Marie est celle qui nous révèle le bienheureux destin des enfants de Dieu. Jésus est celui qui, en tant que Maître, nous a enseigné comment vivre en enfants de Dieu. Marie est celle qui nous a montré dans la pratique comment vivre pour être enfants de Dieu. Certains hommes connaissent des difficultés pour suivre l’Évangile et disent: "À lui c’était possible, parce qu’il était Dieu, et certains élus y parviendront parce que Dieu le Christ leur accorde des dons particuliers"; mais en voyant la vie, le mode de vie de Marie depuis qu’elle a ouvert les yeux à la lumière — or elle, qui est la pleine de grâce, n’a jamais connu cet état de nescience commun à tous les nouveau-nés, déclarés irresponsables de leurs actes avant l’âge de raison —, ces hommes peuvent être convaincus qu’il est possible à tous les êtres nés d’une femme, et même à toutes les créatures de Dieu de vivre en enfants de Dieu, à la seule condition de vouloir vivre en créatures divinisées.         

Que l’on n’objecte pas non plus à cette affirmation: "Mais Marie était préservée du péché originel et de ses tentations." Ève l’était pareillement. Mieux, elle était innocente dans un monde innocent, reine d’un monde qui lui était soumis, unique créature supérieure en compagnie de son époux, douée d’intelligence, de grâce, de science, maîtresse de l’univers sensible, guidée par la Voix de Dieu. Et pourtant elle céda à la première tentation, tandis que des âmes innombrables, bien que marquées par le péché originel, et beaucoup de créatures ne cédèrent pas bien qu’elles connaissent ces tentations, cette terrible "loi de la chair" qui fit gémir Paul, Augustin et bien d’autres, aujourd’hui saints et saintes au ciel.          

À l’instar de Jésus, Marie ne pécha jamais, d’aucune manière, en aucun domaine, y compris par ce qui aurait pu être la réaction logique, naturelle, juste d’une mère qui voit son fils être torturé et tué, et pas davantage contre la charité ou quelque autre vertu. Elle n’a pas voulu pécher, et n’a pas péché. Dieu a certainement agi en elle d’une manière mystérieuse, afin que pas la moindre imperfection — que dis-je, pas l’ombre, pas le germe d’une imperfection — n’altère la pureté et la sainteté parfaites de la Toute-Belle. Mais il est tout aussi certain que Marie a secondé de toutes ses facultés et de toute sa volonté la volonté que Dieu avait sur elle.      

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583> Dieu n’a pas fait de Marie une esclave qui ne peut qu’obéir au maître qui l’y oblige, mais une reine, sa Reine, à qui il envoie un archange comme ambassadeur pour lui annoncer le dessein de Dieu. Or ce dessein ne se réalise pas avant que Marie ne réponde spontanément: « Qu’il me soit fait selon ta parole. » (Luc 1, 26-38).    

Ce même archange avait révélé au prêtre Zacharie (Luc 1, 5-25) une autre maternité miraculeuse car en dehors des lois naturelles, étant donné l’âge des époux et la stérilité de la future mère. Mais bien qu’il soit prêtre et dans la plénitude de ses fonctions sacerdotales devant le Saint des Saints, il douta de la puissance et de la miséricorde de Dieu comme de la vérité des paroles de l’ange, de sorte qu’il en fut puni.         

Voilà quelle est la différence entre justice et justice parfaite. Marie possède une foi et une obéissance absolue bien que son miracle soit incomparablement plus grand. Mais pas Zacharie. Pourquoi cela? Parce que Marie était réellement la Femme et parce que la Parole du Père avait besoin de la Femme pour prendre chair humaine. Mais cette femme s’était tellement dépouillée de toute humanité naturelle, elle était si riche de nature surnaturelle, qu’elle n’avait plus aucun de ces liens et de ces obstacles qui entravent ou appesantissent les facultés de la créature à suivre la volonté de Dieu; or c’est sur un tel terrain, dans un moi dépouillé de tout ce qui fait obstacle aux actions divines, qu’il peut accomplir les œuvres les plus grandes de sa toute-puissance.            

 « La terre suivra la Bête et mettra à mort les saints qui n’adoreront pas la Bête de la terre » (Apocalypse 13, 7 ?). C’est la première des manifestations de l’Antéchrist; ce dernier est "de la terre" puisqu’il nie Dieu et tout ce qui vient de Dieu; il tombe dans l’idolâtrie de ce qui n’est pas Dieu mais au contraire contre lui; il supprime la loi divine pour y substituer la sienne — qui n’est même plus la loi morale naturelle — et va jusqu’à tenter d’en effacer le souvenir chez les créatures; enfin, il opprime et tue ceux qui ne veulent pas devenir mauvais, non-croyants et opposés à Dieu.     

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584> La Bête dévore les agneaux pour arracher à Dieu le plus grand nombre possible de ses enfants. Or voici que notre époque voit l’horreur de ministres d’Églises séparées — qui se qualifient néanmoins de "chrétiennes" — adhérer aux paroles et aux volontés de la Bête de la terre, à cette monstruosité qui combat le Christ, et vénérer cette idole idéologique, corruptrice et impitoyable, sans y être contraints comme ceux qui sont ses sujets là où elle règne et sans penser que, si elle pouvait régner partout, ils seraient eux-mêmes tôt ou tard dévorés, torturés, privés des libertés les plus sacrées de l’homme libre, jusqu’à la liberté de pensée. Mais voici vingt siècles que le Christ a indiqué ces déviations et leurs causes.  

Telle Église fait preuve d’activité et de patience mais "elle a perdu son amour d’antan"; la vie en Dieu s’est donc affaiblie, quand elle n’est pas tout à fait morte, car là où il n’y a pas d’amour, Dieu n’est pas présent, ni la vie de Dieu dans la personne, ni la vie de la personne en Dieu. Telle autre montre au contraire un amour pour les richesses de la vie — autrement dit de la santé et de la vie —, alors que ceux qui désirent servir Jésus Christ doivent ne pas s’attacher à la vie matérielle, ils doivent ne pas craindre les persécutions ni les fuir, mais les endurer si nécessaire jusqu’à la mort, car c’est ce qu’a fait le Christ; d’ailleurs, celui qui perd sa vie pour le servir le possèdera au ciel d’une manière toute spéciale.

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Ailleurs, certains font preuve de faiblesse vis-à-vis des personnes coupables d’hérésie, ou de doctrine ou de vie imparfaites, et cela pour ne pas se faire d’ennemis. Non. Lorsque, dans le jardin de l’Église militante, on voit surgir des plantes mauvaises ou malades, ou qui sont un mauvais exemple pour les autres, il convient de les purifier de leurs parties malades et de les greffer; si elles rejettent la greffe qui les rendrait bonnes, il faut savoir les couper à la base. Mieux vaut une plante de moins que des plantes toxiques pour les autres ! Mieux vaut être persécuté ou perdre tous ses amis que permettre aux ennemis et aux serviteurs inutiles de nuire aux autres âmes et que provoquer l’éloignement de Dieu à la vue d’un de ses pasteurs qui préfère l’amitié des chevreaux à sa sainte amitié.

Commentaires de l'Apocalypse.
Partie 4/6

extraits des "Cahiers de 1945 à 1950".

 Partie 1/6  Partie 2/6  Partie 3/6  Partie 4/6  Partie 5/6  Partie 6/6.

             

 

585> Dans d’autres Églises, certains croient davantage aux faux prophètes, ces voix impures que Satan excite à parler et que la loi de l’Église condamne; cette condamnation atteint tous ceux qui, bien que catholiques, prêtent l’oreille à ces voix sataniques qui parlent lorsqu’on fait tourner les tables ou par l’intermédiaire de médiums, et dont le but est de tromper, de séduire, de dévoyer, de détacher de l’Église.      

Seules les âmes de lumière sont véridiques et de bons guides. Mais elles ne viennent jamais, je dis bien jamais, par quelque imposition humaine et ne nécessitent pas de cérémonie pour se manifester. Dieu les envoie quand il le veut, à qui il veut. Or ce sont les seules qui disent la vérité. Les autres ne sont que des menteurs, dans toutes leurs manifestations. Car ce sont des manifestations de satanisme, et Satan est mensonge. Ces voix ont beau dire apparemment de bonnes paroles, elles sont toujours subtilement teintées d’erreur. Elles visent à détourner de l’Église en prétendant qu’elle n’est pas nécessaire pour communiquer avec Dieu. Elles insinuent des théories erronées sur la réincarnation, sur un système d’évolution des âmes par des vies successives, ce qui est absolument faux. Elles suggèrent des solutions scientifiques aux manifestations les plus lumineuses de la toute-puissance divine, qui crée tout à partir de rien.   

Pauvre science qui veut être uniquement "science" et repousse la Sagesse! La science peut confirmer la Sagesse, mais pas l’abolir. Là où elle l’abolit, elle éteint un océan de lumière appréciable pour les âmes et les intelligences humaines.

Malheur à qui éteint cette lumière! S’il est bien un geste qui tient de celui d’un tyran fou, poussé par la haine ou le délire, qui mine et pulvérise une ville ou un temple, c’est l’action des personnes qui, par amour excessif de la science — ils lui rendent presque un culte —, pulvérisent l’édifice de la foi simple et pure, ou du moins ses parties principales. Au lieu d’un tel culte, c’est la Sagesse qu’il faut aimer, écouter et croire puisqu’elle vient “du Père des lumières en qui il n’y a ni variation ni ombre de changement" (Jacques 1, 17); étant Esprit de vérité et d’amour, il veut que nous soyons nourris de vérité pour aimer toujours plus parfaitement, et que nous voyons pour mieux connaître, mieux servir et mieux aimer.     

Mais un édifice peut-il encore tenir debout si ses fondements sont sapés? Non.            

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586> Or que se passe-t-il lorsque, poussé par la soif humaine de paraître instruit et moderne, en avance sur son temps, on retire les pierres angulaires des bases de l’édifice de la foi, sous prétexte qu’elles ne sont plus adaptées à l’époque, qu’elles sont puériles, inadmissibles, telles des fables qu’on ne saurait plus accepter? De grandes parties s’écroulent en faisant des victimes, beaucoup d’autres restent en ruines et défigurées, d’autres encore, qui étaient lumineuses et belles, deviennent sombres et brumeuses, couvertes de pauvres lumières humaines dont les fumées obscurcissent les lumières célestes et suscitent dans les âmes stupéfaites des interrogations que la science ne satisfait pas et que la Sagesse n’arrive plus à détruire, de sorte que des vides sont créés que rien ne peut combler. Un monde de foi pure s’écroule. Et les ruines de leurs syllogismes, de leurs raisonnements et recherches ne satisfont pas le vide qui s’est formé.         

Attaquer la vérité connue est un péché contre l’Esprit Saint. Il est dit que  "l’Esprit Saint, l’éducateur, fuit la fourberie, il se retire devant des pensées sans intelligence, il s’offusque quand survient l’injustice" (Sg 1, 5). Or qu’y a-t-il de plus injuste que de prétendre que Dieu, le Tout-Puissant, a dû attendre l’évolution naturelle spontanée pour créer son chef-d’œuvre, l’homme? Qu’y a-t-il de plus insensé que de croire que Dieu a été impuissant à créer directement la plus belle œuvre de sa création?    

Le Livre contient la vérité sur toutes choses, car c’est une parole écrite sous l’inspiration de la Sagesse, c’est-à-dire de Dieu. Tout le reste n’est que mensonge, imagination ou déduction humaine. Dieu seul ne se trompe jamais. Le plus saint des hommes, ou le plus érudit en culture humaine peut toujours se tromper lorsqu’il parle ou agit "en homme", autrement dit quand il n’est pas mu par l’Esprit Saint, quand la Lumière (Jésus) ne l’éclaire pas, quand il détourne les yeux de Dieu le Père en ne le reconnaissant plus dans toutes ses œuvres.           

La science aussi peut être bonne et utile. Dieu a donné l’intelligence à l’homme dans une bonne intention et pour qu’il s’en serve. Mais 90% des hommes ne s’en servent pas toujours dans une bonne intention. Et les scientifiques, en nombre encore bien supérieur, ne le font pas davantage.          

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587> Pourquoi cela? Parce qu’ils perdent de vue Dieu et sa Loi pour suivre et poursuivre des voies et des chimères humaines. Oui, même si, en apparence, ils le servent, lui rendent un culte extérieur — si ce n’est même un certain culte intérieur — et sont persuadés qu’ils l’honorent, en vérité ils ne le voient plus clairement, pas plus que les préceptes d’amour éternels. Ils ne vivent plus la vie de Dieu, qui est vie d’amour. S’ils menaient cette vie, s’ils voyaient clairement Dieu et sa Loi, comment pourraient-ils utiliser leur intelligence pour détruire par leurs raisonnements scientifiques la foi simple des "petits" et par leurs découvertes scientifiques l’existence d’une foule de vies humaines, de villes entières, et jusqu’au globe terrestre en troublant l’équilibre, cet ordre des éléments et des lois cosmiques établi par Dieu qui fait que, depuis des millénaires, la terre vit et produit des vies végétales et animales sans sortir de son orbite, sans se détourner de son axe, évitant ainsi des cataclysmes apocalyptiques?      

Mais leur plus grand crime, c’est de détruire la foi simple des "petits", c’est de détruire dans la foule la conviction que Dieu est ce Père aimant qui prend soin même des oiseaux et des fleurs des champs, écoute et exauce les demandes que ses enfants lui font par une prière pleine de foi.   

Comment l’homme peut-il encore croire simplement si, au nom de la science et avec le secours de preuves scientifiques incertaines, vous sapez les fondements de la Révélation contenue dans le Livre? Comment l’homme peut-il encore croire que Dieu est puissant, qu’il est aimant, qu’il est un Père qui prend soin de ses enfants si, à cause de vos découvertes, l’homme est frappé par des châtiments — non, pas des châtiments, parce que toutes les lois humaines châtient les mauvais alors que vos moyens de destruction frappent d’innombrables personnes qui ne le sont pas —, si donc l’homme est torturé jusqu’à la folie, ou jusqu’à en mourir de terreur ou sous les blessures, réduit à ne même plus avoir la tanière que Dieu procure aux animaux fussent-ils féroces, ni l’alimentation et les vêtements accordés aux oiseaux et aux fleurs des champs?           

Le plus grand crime est bien de détruire la foi et la confiance! La foi en la vérité de la Révélation. La confiance en la bonté et la toute-puissance divines. La première de ces destructions fait crouler tout un monde de croyances qui constituaient un puissant encouragement à vivre en enfant de Dieu, elle supprime tout un poème lumineux qui célèbre les bontés infinies du Seigneur.    

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588> La seconde incite l’homme, découragé par les expériences traversées, à dire: "À quoi sert-il de prier, de se sacrifier, de vivre en juste, si c’est pour être ensuite frappé de la même manière?" Le doute apparaît, et par conséquent le relâchement de la foi et des mœurs! La prière est délaissée ! Parfois, le désespoir arrive! Voilà les fruits de la science coupée de la Sagesse...      

Ce sont là les fruits de l’arbre maudit de la science, que la greffe de la Sagesse n’a pas rendu bon. Vous voulez tout connaître, tout rechercher, tout expliquer. Mais l’intelligence de l’homme, et en particulier de l’homme déchu, cette intelligence blessée par le péché originel et par la concupiscence mentale ne peut pas tout connaître. Adam avait beau être constitué "roi" de toute la création, il avait lui aussi reçu cette interdiction: « De l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort » (Genèse 2, 17). Il n’a pas obéi, il voulut tout connaître et il mourut d’abord à la grâce, puis physiquement. Placés devant les deux arbres — d’un côté celui qui donne la vie, autrement dit Jésus, le Rédempteur et Sauveur, la Parole qui donne la vie éternelle, de l’autre l’arbre de la science qui produit en général des fruits de mort —, un trop grand nombre d’hommes tendent la main vers le premier et pas vers le deuxième, goûtent du fruit du premier et non du deuxième, se donnent la mort à eux-mêmes et la donnent aux autres.    

La science est-elle coupable de tout? Non: de même que personne n’est totalement et perpétuellement mauvais, la science n’est pas toujours et totalement mauvaise et coupable. Certains scientifiques utilisent leurs connaissances pour faire le bien. D’autres, parvenus à la découverte de moyens homicides, les détruisent, préférant renoncer à la gloire humaine que cette découverte leur procurerait, afin d’épargner de nouveaux fléaux à l’humanité. Chez d’autres enfin, parce qu’ils sont de vrais chrétiens, les études scientifiques augmentent leur foi ainsi que leurs vertus surnaturelles et chrétiennes.            

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589> Ceux-là sont des bienfaiteurs de l’humanité et sont bénis de Dieu. Tous devraient les imiter. Or ce n’est pas le cas. Ce sont les autres scientifiques qui sont écoutés et dont les raisonnements sont approuvés, ceux qui examinent et expliquent tout en termes humains, qui portent sur toute chose un regard humain, maté riel, tourné vers le bas, vers la terre et ses secrets, comme le font les animaux — quand ils ne se comportent pas plus mal qu’eux —. On dirait effectivement que, bien mieux que les hommes, bon nombre d’animaux savent louer ce qu’il y a de beau et de bon dans la création, qu’ils sont reconnaissants au soleil qui les réchauffe, à l’eau qui les désaltère, aux fruits de la terre qui les nourrissent, à l’homme qui les aime.            

L’homme, cette créature raisonnable douée d’une âme et de vie surnaturelle, devrait savoir regarder vers le haut, vers le ciel, vers Dieu; purifier son regard et ses connaissances par la contemplation des œuvres divines et par la foi que Dieu en est l’auteur; enfin, voir le signe indélébile imprimé sur chacune d’elle, en témoignage qu’elles ont été faites par Dieu.     

La religion et la foi, la religion et l’amour rendent la recherche humaine bonne, et cela activement. Si cette recherche humaine est privée de ses forces spirituelles ou ne les possède que dans une mesure imparfaite, elle tombe dans l’erreur et y entraîne les autres, vers l’affaiblissement ou la mort de leur foi.         

Ne cherchez pas à paraître modernes, en adéquation avec votre époque — qui ne mérite d’ailleurs aucun éloge —, ne repoussez pas les lumières, toutes les lumières qui vous viennent directement de la Révélation, de la Sagesse, et indirectement de la sage recherche de savants chrétiens: ceux-ci se sont élevés vers Dieu pour pouvoir pénétrer les mystères du monde eux-mêmes, mais avec un bon esprit de façon à en connaître la vérité, vérité qui confirme l’œuvre de Dieu et lui en rend gloire. Pour expliquer ce qui existe et n’existe que par la toute-puissance et l’action divines, ne recherchez pas, pour paraître modernes, en adéquation avec votre époque, ces "profondeurs de Satan"  — comme l’Apocalypse les appelle en 2, 24—, et pas davantage celles "du monde  ", qui ne correspondent pas à la Révélation.       

[Dans d’autres Églises], on trouve tiédeur dans le service de Dieu et orgueil de soi. La triple concupiscence triomphe là où les vertus devraient régner, et elle rend les tièdes et les orgueilleux pauvres et sans lumière. Pauvres du nécessaire pour être justes et aider ses subordonnés à être justes.        

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590> Les tièdes ne peuvent réchauffer les froids. Celui qui n’a aucune lumière ne peut pas la communiquer. Et celui qui se montre avare des grands dons que Dieu lui a accordés ne peut enrichir des agneaux. Il garde le pâturage pour lui seul, il permet seulement que son troupeau se nourrisse de l’indispensable pour ne pas périr tout à fait, sans penser que certains membres de son troupeau sont faibles et ont besoin de recevoir davantage de nourriture, bien davantage par fois, pour ne pas mourir.

Pour être un bon pasteur, il ne suffit pas d’être saint individuellement ou de ne pas pécher soi-même. Il faut sanctifier veiller à ce que d’autres ne pèchent pas et, si l’on apprend qu’un agneau a péché et a blessé mortellement son âme, ne pas attendre qu’il vienne demander sa guérison, mais aller à lui, le soigner, le guérir. Et s’il refuse, y retourner une fois, deux, dix, cent fois, non seulement en tant que prédicateur qui le rappelle à son devoir par des réprimandes, mais en utilisant d’autres moyens, en ami, en médecin, en père. Et si l’on apprend qu’une personne est en train de faire fausse route, ne pas laisser aller les choses, mais intervenir, avec patience et douceur, pour la ramener sur le droit chemin.          

L’apostolat du prêtre ne se borne pas à la messe quotidienne, à la confession, à l’explication de l’Évangile et de la foi à l’église. Il y a beaucoup plus à faire hors de l’église: aller au-devant de ses fidèles; porter la parole de Dieu et de la morale chez ceux qui ne vont pas à l’église, ou alors rarement et mal; là où un membre de la famille, un seul membre, ne va pas à l’église ou bien manque à ses devoirs de père, de mère, d’époux, de fils, de citoyen ou de personne morale.        

Que de familles connaissent souffrances, situations pénibles, péchés! Quel domaine d’apostolat que ces premiers noyaux de la société humaine où deux personnes s’aiment et vivent dans l’unité, telles de petites églises dans lesquelles, comme des prêtres sans ordination, ils accomplissent une tâche bien spécifique, ou plutôt deux tâches bien spécifiques: continuer la création en procréant, collaborant ainsi avec Dieu qui crée une âme pour toute personne procréée par l’homme et la femme, et engendrer de nouveaux fils adoptifs à Dieu. Du moins devraient-ils le faire.        

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591> Mais il arrive qu’ils ne le fassent pas: ils manquent réciproquement à leurs devoirs de mari et de femme, à leurs devoirs envers leurs enfants en négligeant de faire d’eux de vrais chrétiens et en les laissant aller là où ils ne pourront guère s’ améliorer, en leur donnant le mauvais exemple, en ne s’occupant pas de leur formation religieuse, en permettant que de mauvais compagnons ou des membres de partis antichrétiens les abordent et les entraînent sur une mauvaise voie.

Les terres de mission ne se trouvent pas seulement en Afrique, dans les Amériques, en Asie ou dans divers archipels. L’Europe, l’Italie sont, elles aussi, des terres de mission pour qui a l’esprit missionnaire et un regard surnaturel. Chaque village, des plus petits aux grandes villes, chaque paroisse, chaque mai son peut être terre de mission, un lieu d’où extirper l’ivraie pour y semer le bon grain, un lieu de progrès spirituel, un lieu de re construction en Christ: reconstruction du Royaume de Dieu au sein de la famille et en chacun de ses membres.            

« Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde » (Matthieu 5, 13-14). Le Maître, sagesse infinie, a comblé ses élus de son sel et leur a donné la faculté de transmettre à leurs successeurs un sel qui doit saler. Le Maître, lumière véritable du monde, a comblé ses élus de sa lumière et leur a donné l’ordre d’illuminer tout homme et de transmettre ce pouvoir à leurs successeurs. En pontife éternel, il continue à répandre sel et lumière dans le Corps mystique pour qu’il n’y vienne jamais à manquer, même si la tiédeur de certains membres pouvait en créer une pénurie.    

L’Église est "Mère". Quelle mère en gestation pourrait ne pas s’alimenter et vivre de manière à donner la vie à un enfant en bonne santé? De même, l’Église doit fournir à ses enfants, par l’intermédiaire de ses pasteurs plus ou moins haut placés, le sel qui maintiendra en eux une vie spirituelle intacte et forte.     

L’Église est "l’Epouse du Christ"; or le Christ est Soleil, il est Orient, Etoile du matin, Lumière infinie. L’Epoux transmet à son Epouse ses richesses et ses biens, il les lui communique afin qu’elle les distribue à tous ses membres, en particulier à ceux qui sont destinés à illuminer; c’est pourquoi ses pasteurs plus ou moins haut placés se doivent d’être  "lumière" pour éclairer les agneaux.         

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592> Mais une lumière présuppose une flamme: une flamme, une ardeur. Un incendie flambe quand il brûle et se consume. Pareillement, l’apôtre flambe, donc éclaire, réchauffe et embrase les autres s’il brûle lui-même et se consume. Mais si, par peur de se consumer, par peur d’être pris comme point de mire par les ennemis de la lumière, par peur de trop se fatiguer, il reste tiède, devient insipide — or on rejette ce qui est insipide —, il devient paresseux, n’éclaire plus, s’éteint comme un astre qui a fini de resplendir dans les cieux, ne brille plus dans son propre ciel, le ciel spirituel.     

De plus, ce pasteur est mort si l’égoïsme s’unit à la perte de la lumière qui provient d’un incendie d’amour, perte causée par l’orgueil de soi. Car l’égoïsme est le contraire de l’altruisme, cette sève du chrétien: « Voici quel est mon commandement: vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. Nul n’a plus grand amour que celui-ci: donner sa vie pour ses amis » ; « Si nous disons que nous sommes en communion avec lui alors que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons, nous ne faisons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres... mais celui qui garde sa parole, c’est en lui vraiment que l’amour de Dieu est accompli... »;  « Si quelqu’un dit: "J’aime Dieu" et qu’il déteste son frère, c’est un menteur: celui qui n’aime pas son frère qu’il voit ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas ». Jean 15, 12-13  - 1 Jean 1, 6.7 - 1 Jean 2, 5 - 1 Jean 4, 20.  

Le christianisme est amour: amour des puissants pour les petits, des petits pour les puissants, amour des supérieurs pour les inférieurs, amour toujours. S’il manque l’amour, le christianisme s’éteint, l’égoïsme et la tiédeur prennent sa place, le sel perd sa saveur, la lampe à huile fume sans briller, ou alors elle est mise sous le boisseau pour ne pas être troublée. Et les âmes, les pauvres âmes des agneaux, restent abandonnées, elles ne trouvent plus ni chaleur, ni lumière, ni saveur, elles s’affaiblissent, se perdent. Pauvres âmes qui ont d’autant plus besoin d’aide qu’elles sont faibles!

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593> Ces déficiences, fortes et bien marquées dans les Églises qui ne sont plus alimentées par les eaux vives qui jaillissent au-dessous des côtés de l’autel du vrai Temple (Cf. Ezéchiel 47, 1-2), ne sont pas absentes de la véritable Église. Son Corps est saint, son Chef et son Ame sont saints. Mais tous ses membres ne sont pas saints pour autant, car l’appartenance plus ou moins intrinsèque au Corps ne change en rien la nature de l’homme. C’est à l’homme qu’il incombe de travailler sans relâche à se régénérer, à se recréer pour atteindre la perfection et ressembler le plus possible au Christ, Chef de l’Église, à l’Esprit Saint, Ame de l’Église: ressembler au Christ par une vie d’ "alter Christus″, ressembler à l’Esprit Saint au moyen de la charité, de la sainteté, de la pureté, de la force, de la piété et de tout autre attribut propre au Sanctificateur.        

Plus les membres s’efforcent d’être saints, plus l’Église triomphe. Car la sainteté des membres — je parle des plus élevés — se déverse sur les membres inférieurs, les élève, les embrase, les transforme en instruments de sanctification et de conversion pour les membres mourants ou déjà tout à fait morts.        

Si l’apostolat sacerdotal correspond bien à ce que Jésus a voulu et veut encore, il suscite la grande force de l’apostolat laïc. C’est une grande force parce qu’il pénètre plus aisément partout. Dans les familles, dans les usines, dans les différentes catégories professionnelles, l’apostolat laïc peut approcher les personnes perverties par des chefs de parti ou des perversions psychophysiques, démanteler les forteresses de mensonges, détruire les faux mirages suscités par les serviteurs de l’Antéchrist, — plus actifs aujourd’hui que jamais encore dans l’histoire du monde —. Par une charité en action et non simplement en parole, par la vérité des actes et non par les faux discours des fausses idéologies, il peut neutraliser le poison répandu secrètement par le subtil serpent d’aujourd’hui, qui se borne encore à être "serpent", en attendant de prendre son apparence finale d’Antéchrist victorieux pour un triomphe aussi bref qu’horrible.  

Mais si la vie spirituelle des membres supérieurs se relâche, si l’apostolat laïc n’est pas pleinement soutenu par le clergé, il arrivera inévitablement ce qui s’est produit en Israël lorsque, le Temple et la Synagogue ayant abandonné la justice, les élites purent devenir, humainement parlant, occasion de scandale, d’oppression, de ruine pour le peuple tout entier.

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594> Il était écrit que le Christ devait mourir par la main des prêtres, des scribes et des pharisiens. Pourtant, lorsque Dieu donna une âme à ces prêtres, à ces scribes et à ces pharisiens qui allaient s’opposer à son Verbe jusqu’à le faire mourir sur une croix, il n’avait pas créé des âmes particulières de déicides, d’êtres cruels, injustes, avides de pouvoir, de menteurs. Non, il leur avait créé une âme en tout point pareille à celle des autres hommes. Egales par création, puis égales par le partage de la même blessure du péché originel, tout aussi égales que l’étaient la Loi et la Révélation pour tout Israël, ou encore le libre-arbitre des plus grands comme des plus petits.     

Mais, au Temple comme à la Synagogue, la justice s’était trop affaiblie: le Temple sacré était devenu "un repaire de voleurs"  (Matthieu, Marc et Luc) et les descendants dégénérés des Assidéens étaient devenus hypocrites. Ces derniers avaient été en effet des hommes à la morale élevée et véritable, à la parfaite fidélité à la Loi et à l’enseignement de Moïse, aux nobles sentiments d’amour pour leur patrie, si bien qu’ils surent combattre et mourir pour sauver la nation des oppresseurs et des corrupteurs. En revanche, les pharisiens ne se montraient rigoristes qu’extérieurement alors que, intérieurement, dans l’ombre, c’étaient des "sépulcres blanchis remplis de pourriture" et, bien qu’ils se qualifient de "séparés" de la plupart des gens, ils n’étaient pas séparés du péché. Il en allait de même des scribes: ils avaient déformé la Loi et en avaient rendu la pratique impossible tant ils l’avaient chargée de traditions de leur crû. Après tout cela, leur âme put devenir déicide, et ils se servirent de leur liberté, cette liberté donnée par Dieu, pour tuer le Fils de Dieu.          

Tuer le Fils de Dieu! Le calomnier! Le présenter pour ce qu’il n’était pas!         

Mais est-ce un péché propre à cette époque ? Non. Il existe aujourd’hui encore. Et si on ne lève pas la main directement sur le Christ pour le fouetter, le torturer, le tuer, on la lève toujours sur lui, présent dans ses serviteurs. Car c’est encore Jésus qui souffre en ceux qui sont persécutés, quelle que soit cette persécution.    

Saul de Tarse ne tuait pas les chrétiens personnellement mais "il approuvait ce meurtre" (Ac 8, 1) et "ravageait l’Église; allant de maison en maison, il en arrachait hommes et femmes et les jetait en prison" (Actes 8, 3).          

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595> Il était lui aussi un antéchrist, alors qu’il allait devenir l’Apôtre et un vase d’élection, et lutter si efficacement contre l’Antéchrist qui allait apparaître aussitôt dans les différentes régions où les Églises de Jésus surgiraient.  

Mais que lui arriva-t-il alors qu’il faisait route vers Damas,  "respirant menaces et carnage à l’égard des disciples du Seigneur" (Actes 9, 1-2), muni de "lettres pour les synagogues de Damas afin que, s’il y trouvait quelques adeptes de la Voie, hommes ou femmes, il les amenât enchaînés à Jérusalem"? La rencontre du Christ dans les environs de Damas. Et que lui dit le Christ? Lui a-t-il demandé: « Pourquoi persécutes-tu mes serviteurs? » Non, il lui dit: « Pourquoi me persécutes-tu? » (Actes 9, 4).          

 Le persécuté, c’était Jésus. C’est Jésus qui subit la persécution en ses serviteurs. Parce qu’il est en eux. Sa Passion se poursuit en eux. En persécutant un serviteur de Dieu, un fils adoptif de Dieu et un frère de Jésus, on frappe encore la Parole du Père, le Fils unique du Père, Jésus qui, comme Dieu, est dans le Père et dans les vrais chrétiens.     

Mais est-ce un péché propre à nos jours? Non, il a toujours existé. Ceux qui persécutent les serviteurs de Dieu et les frères bien-aimés du Christ ne sont pas toujours les antichrétiens de tous noms. Non. Bien des fois, cette persécution provient de personnes qui devraient leur servir de soutien. Elle provient de ceux qui, par orgueil, refusent que d’autres, les "petits", s’élèvent là où eux-mêmes n’ont pas été élevés. Elle provient de ceux qui, du fait de leur tiédeur, ne peuvent comprendre que d’autres puissent être une flamme unie à la Flamme; une âme humaine devenue flamme d’amour du Christ et par lui, et qui ne fait qu’un avec l’Esprit du Christ, un seul feu. Elle provient de ceux qui ne se rappellent pas bien — et comprennent encore moins — l’une des plus belles hymnes de l’Évangile: « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux indigents et de l’avoir révélé aux tout petits » (Matthieu 11, 25). Elle provient enfin de ceux qui « par égard aux personnes ou par désir de présents » (Luc 10, 21) deviennent aveugles et manquent à la justice. (Deutéronome 16, 19).

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596> Ces erreurs s’unissent à la faiblesse de l’homme, qui reste un  "homme″ même après avoir pris l’habit sacré. Ces erreurs ont envoyé des serviteurs de Dieu au bûcher et en prison, et elles mettent encore des chaînes — même si celles-ci ne sont pas matérielles, elles n’en restent pas moins des chaînes — à la double liberté de l’homme choisi par le Seigneur pour être son serviteur: elles entravent d’une part sa liberté d’homme, qui est sacrée pourvu qu’il ne commette rien de condamnable par la loi contre l’Etat et contre ses semblables, d’autre part la liberté particulière du serviteur de Dieu de servir Dieu comme il le lui demande.      

Bien avant Jésus, la voix des prophètes avait prédit que les peuples qui ne connaissaient pas le Seigneur deviendraient "son peuple" à la place de celui qui aura refusé de le reconnaître. Des siècles plus tard, Jésus avertit son peuple que "les païens sur passeraient la justice d’un grand nombre de juifs." Et il donnait l’exemple de la manière dont il fallait traiter les païens et les pécheurs pour les amener à la Voie, à la Vérité et à la Vie.   

Cependant, cet orgueil toujours renaissant d’être "juifs" porta les apôtres eux-mêmes, alors qu’ils étaient directement instruits par la parole et par l’exemple du Maître, à entraver les relations avec les païens. L’exemple de Pierre envers le centurion Corneille devrait montrer à chacun comment l’orgueil peut ralentir la conquête des âmes ou les empêcher de venir la Vie (Actes 10). Il a fallu que Dieu intervienne par un miracle pour convaincre l’apôtre que “Dieu ne fait pas acception des personnes mais qu’en toute nation celui qui le craint et pratique la justice lui est agréable" (Actes 10, 34-35).

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Jésus, et les prophètes avant lui, avait donné un enseignement clair sur le sort du Christ. Néanmoins, le soir du jeudi-saint venu et bien que les apôtres soient fortifiés par la purification et l’eucharistie reçues du Grand-Prêtre éternel, la faiblesse de l’homme — que la consécration ne supprime pas — les pousse à s’enfuir, peureux et honteux, puis à renier. Et c’est justement Pierre qui le renie, lui, le successeur de Jésus dans le gouvernement de l’Église. Par la suite, il avait beau avoir reçu l’Esprit Saint en différentes occasions, il lui arriva de faire preuve d’incompréhension envers ses frères dans l’exercice de son sacerdoce, et il fut faible au point d’avoir deux modes de vie, par peur d’affronter critiques ou inimitiés (Galates 2,12).

 

 

L’homme reste l’homme. "Comme des enfants nouveau-nés" (I P 2, 9) demandent du lait spirituel non frelaté pour croître et devenir "la race élue, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple de Dieu", Pierre passa de l’état d’homme à celui de saint: héroïque ment saint, toujours plus saint, il devint réellement "un autre Christ " par un travail assidu. Mais il fut d’abord "l’homme". De même, Paul fut "l’homme" en qui la loi de la chair combattait celle de l’esprit, un homme qui, après avoir été ravi au troisième ciel, connut encore le soufflet de l’ange de Satan, les élans  de la chair (Rm 7, 23 - 2 Co 12, 7). Et bien d’autres serviteurs de Dieu furent également "hommes", martyrs de leur moi et bienheureux pour en avoir triomphé et s’être régénérés dans le Christ.      

Pierre demanda un jour à Jésus: "Combien de fois devrai-je pardonner?" Et Jésus répondit: "Soixante-dix fois sept fois", soit un nombre illimité de fois (Mt 18, 21-22). Jésus savait en effet que l’homme, même s’il est régénéré par la grâce et nourri de l’eucharistie, même s’il est confirmé dans la grâce par la confirmation, même s’il est élevé au sacerdoce, resterait toujours "homme", cet homme qui a besoin de compassion et de pardon, parce qu’il lui est facile de se tromper.       

Sous l’effet de l’orgueil ou de la tiédeur, des séparations et des hérésies ne tardèrent pas à apparaître au sein de l’Église: gnostiques, nicolaïtes, simonites, biléamites... Et plus tard la triste époque de la cour pontificale en Avignon, puis celle encore plus triste du népotisme et de ce que cela entraînait. Comme tout astre, l’Église, astre perpétuel, connaît des phases. Mais c’est une flamme qui ne s’éteint pas, bien que flamboiements et affaiblissements y alternent comme pour toute flamme.          

Mais puisque son Chef, Jésus, et son Ame, l’Esprit Saint, sont éternels et parfaits, puisque leur puissance et leur volonté sont éternelles et infinies, elle peut passer par des phases de déclin et d’affaiblissement momentanés. Mais elle ne peut tomber ni s’éteindre tout à fait. Au contraire, après l’une de ces phases, telle une personne qui se réveille d’un assoupissement ou qu’un remède puissant ragaillardit, elle se redresse et reprend vigueur pour mener à bien son service et son admirable mission universelle. Et il faut dire que c’est précisément dans ce qui est douloureux de voir en elle — ses relâchements momentanés ou la persécution de ses ennemis — que réside la cause d’une nouvelle phase ascendante.

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598> Ceux qui ont l’orgueil facile ou qui aiment critiquer et porter un jugement sur tous, sauf sur eux-mêmes, diront ceci: « Mais elle est surnaturelle! Donc sa perfection ne peut pas s’affaiblir. » Voilà ce que soutiendront les premiers. Et les seconds argueront: « Si elle était telle qu’ils le prétendent, tous ses membres seraient parfaits. Mais au contraire… », et ils citeront cas sur cas, plus ou moins vraiment blâmables — je dis vraiment parce que, parfois, telle chose peut avoir l’air mauvais, mais ne pas l’être en réalité.      

Tous deux feront erreur. Car l’Église est, certes, une société ou une congrégation de membres choisis, régénérés à la grâce par le baptême, confirmés et perfectionnés dans les vertus et les dons par la confirmation, nourris par l’eucharistie, purifiés par l’absolution qui suit la pénitence, soutenus dans leur mission d’époux et de procréateurs par leur mariage, ou dans celle de pasteurs des âmes par le sacrement de l’ordre. De plus, l’Église, comme Corps mystique, est sainte dans son Chef, dans son Ame, dans sa loi, dans son enseignement, et en bon nombre de ses membres. Oui. En outre, ses membres "inférieurs" ne doivent pas être méprisés car, bien souvent,  "les membres qui sont tenus pour plus faibles sont nécessaires" (1 Corinthiens 12, 22) : par leur vie humble, sainte, cachée, vécue et offerte pour toute la société des chrétiens, ils contribuent en effet à accroître les trésors spirituels du Corps mystique tout entier; une autre raison en est que  "Dieu a disposé le Corps de manière à donner davantage d’honneur à ce qui en manque" (1 Corinthiens 12, 24). Dieu prend fréquemment ses sanctificateurs, ceux dont l’action et l’exemple entraînent des âmes innombrables à Dieu, parmi les plus "petits" du Corps mystique, parmi ceux qui, sans avoir aucun rang ni ordination, sont riches en justice parce que chacun de leurs actes les identifient au Christ. Oui, l’Église, en tant que société de fidèles qui le sont réellement — à commencer par son Chef —, est sainte, et jamais cette sainteté qui descend de son Chef et circule dans tous ses membres ne disparaîtra tout à fait. Mais tous ne sont pas saints, car l’homme reste homme même s’il est catholique, et même s’il fait partie de l’Église de quelque manière que ce soit.   

Lorsque de nombreux membres deviennent davantage "hommes rationnels" qu’ "hommes divinisés″, alors l’Église connaît un temps de déclin, dont elle se relève par la suite lors qu’elle comprend elle-même qu’il convient de se redresser pour être en mesure de faire face à ses ennemis extérieurs et intérieurs.          

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599> Ses ennemis déclarés qui sont déjà au service de l’Adversaire ou de l’Antéchrist, et ses ennemis plus subtils qui désagrègent l’édifice de la foi et refroidissent par conséquent l’amour parce qu’ils veulent donner une nouvelle version des mystères et des prodiges de Dieu par le biais de cette "profondeur de Satan et de l’esprit du monde" dont nous avons déjà parlé.         

Que ceux qui ont l’orgueil facile ne prétendent pas: « L’Église ne peut pas connaître cela, puisqu’elle sera toujours sainte. »     

Il est dit — à la fois par une parole divine adressée aux prophètes et par la Parole divine du Père incarnée et adressée à ses élus — que de grandes abominations telles que la jalousie et d’affreuses abominations comme l’adoration d’idoles humaines qu’il ne faut pas vénérer (Ezéchiel 8, 1-17) (or la science privée de sagesse en est une) auront lieu dans le Temple, et aussi qu’ "un messie supprimé″ (Deutéronome 9, 26-27), le peuple qui l’aura renié n’existant plus, "la ville et le sanctuaire [seront] détruits par un prince qui viendra" dont le but sera la dévastation. Alors viendra la désolation décrétée. "Il fera cesser le sacrifice et l’oblation et sur l’aile du Temple sera l’abomination de la désolation, jusqu’à la fin". Il est encore dit, en guise de confirmation directe par la Parole aux paroles de ses annonciateurs, les prophètes: « Lors donc que vous verrez l’Abomination de la désolation... installée dans le lieu saint... il y aura une grande tribulation telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde... Aussitôt après la tribulation... apparaîtra... le Fils de l’homme. » (Matthieu 24, 15 - Matthieu 24, 21) Et « L’amour se refroidira chez le grand nombre » (Matthieu 24, 29-30 - Matthieu 24, 12), ce qui sera l’un des signes précurseurs de la fin.          

C’est dit, et ça aura lieu. Ouvrez vos yeux spirituels pour lire les prédictions du ciel ! Si vous les ouvrez, vous lirez la vérité et vous verrez quels sont les vrais signes de la fin, telle qu’elle advient déjà.   

Pour l’Éternel, un siècle représente moins d’une minute. Il n’est donc pas dit que ce sera demain. Mais si le chemin est encore long pour que tout soit accompli, les événements qui ont déjà lieu vous annoncent que le processus final a déjà commencé.

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600> Voici quelles sont les grandes abominations: la jalousie là où il faudrait seulement l’amour fraternel, l’amour excessif de la science humaine là où il faudrait seulement l’amour fidèle à la Sagesse, source de la Révélation, des compromis entre ce qui offre des profits terrestres et ce qui offre un profit surnaturel pour en bénéficier immédiatement, le Christ tué en un trop grand nombre d’âmes, trop de personnes de son peuple devenues renégats de leur Sauveur. Ce sont là les événements préparatoires. Puis "le peuple qui va venir", dans le but de dévaster (Jérémie 6, 22). Un autre prophète dit: « Voici qu’un peuple arrive du Nord... un grand vacarme vient du pays du Nord... Voici qu’un peuple arrive du Nord... ». (Jérémie 10, 22 – 50,41)      

Ces deux prédictions sont si claires qu’il suffit de lever les yeux, de savoir voir et de vouloir voir, pour comprendre.      

Et que dévastera-t-il ? Pas uniquement les bâtiments et les pays ! Mais surtout la foi, la morale, les âmes. D’ailleurs, les âmes dévastées ne seront pas toutes des âmes communes. Les sacrifices et les hosties diminueront, d’une part parce qu’il n’y aura plus de liberté de culte, d’autre part sous l’effet de la crainte, chez beaucoup, d’être pris pour cette raison. Déjà, et bien que cette dévastation et cette persécution ne soient pas encore effectives, beaucoup renient la voie qu’ils avaient choisie, car l’abomination se répand comme un chiendent perfide et la charité se refroidit tandis que se lèvent les faux prophètes dont parlent le Christ au chapitre 24 de Matthieu et Paul dans sa deuxième épître aux Thessaloniciens.       

Pour l’instant, cela seulement. Mais ensuite viendra celui qu’elles annoncent, l’Antéchrist, auquel elles auront préparé le chemin par l’affaiblissement de l’amour, tout comme Jean-Baptiste avait préparé le chemin au Christ en enseignant l’amour dont il débordait — il était en effet "rempli d’Esprit Saint dès le sein de sa mère" (Luc 1, 15) — comme le moyen indispensable pour être uni au Christ et vivre la vie de Dieu. (Sur les enseignements d’amour de Jean-Baptiste, voir Luc 3, 10-14).   

En vérité, l’amour est le lien qui garde la communauté catholique unie à Dieu et aux frères. C’est dans et par l’amour que se trouvent l’union et la nourriture des âmes, ainsi que leur sanctification et celle d’âmes toujours nouvelles. Si l’amour vient à manquer, l’amour de soi prend sa place. Or la différence entre ces deux amours est la suivante:  

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601> L’amour véritable et saint, commandé et conseillé par Dieu, est recherche de Dieu, reconnaissance de sa toute-puissance visible en toute chose, et élévation à Dieu. Tout concourt à cette élévation pour celui qui possède la charité, qui est une pitié en actes à l’égard de tous les besoins du prochain: en effet, l’amour nous fait reconnaître en chacun un frère; nous reconnaissons Jésus en lui, Jésus qui souffre des souffrances du pauvre, du malade, du persécuté, ou qui souffre parce qu’un enfant du Père est en passe de devenir un fils prodigue qui abandonne la maison du Père pour partir à la recherche d’un faux bien-être, ou encore qui souffre parce que tel ou tel doute d’avoir un Père; il importe donc de le convaincre qu’il existe un Père très bon pour lui éviter de tomber dans la désolation et le péché.      

L’amour de soi, au contraire, est recherche de soi-même, c’est un acte accompli pour se glorifier soi-même aux yeux du monde. Il est donc concupiscence de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie; de cet arbre à trois branches proviennent en suite la vanité, la dureté de cœur, l’orgueil, le désir ardent d’éloges humains, l’hypocrisie, l’esprit de domination, la conviction de savoir diriger sa vie tout seul, en rejetant tout commandement ou conseil de l’Amour comme de ceux qui parlent en son nom.           

Ils se croient libres et se prennent pour des rois puisque, à leurs yeux, personne n’est meilleur qu’eux et puisque — toujours à leurs yeux — ils sont déjà arrivés au sommet du savoir et du pouvoir. Mais ils sont au contraire esclaves comme personne, à la fois d’eux-mêmes, de l’Ennemi de Dieu et des serviteurs de l’En nemi de Dieu. Ils sont esclaves, serviteurs, nus, aveugles. Esclaves d’eux-mêmes, serviteurs ou esclaves de l’Ennemi et des ennemis de Dieu; nus, privés de vêtements ornés, du vêtement des noces avec la Sagesse, des vêtements blancs nécessaires pour le banquet des cieux et pour suivre l’Agneau en chantant hosanna; aveugles, ou pour le moins myopes, après s’être abîmé la vue spirituelle par d’inutiles recherches humaines.          

Ils le deviennent parce qu’ils ont renoncé à leur droit d’aînesse, c’est-à-dire à leur filiation la plus élevée, celle de Dieu, en échange d’un pauvre plat de lentilles, qui est une nourriture terrestre.     

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602> Ce plat de lentilles, c’est le remplacement des œuvres sapientielles, surnaturelles, et surtout de la grande Révélation, qu’il faut accepter et croire sans demi-mesure. Ce plat de lentilles, c’est aussi leur remplacement par des livres scientifiques, aussi parfaits soient-ils, qui restent des écrits humains. C’est pourquoi ils pourront paraître plus clairs, et certainement plus compréhensibles à ceux qui s’arrêtent à la lettre, en restent à la superficie des choses et ne peuvent aller plus loin à cause de leur pesanteur personnelle. Mais ils ne changent pas l’homme, ils ne l’élèvent pas. Les livres sapientiels, en revanche, ces livres dont l’auteur est Dieu, sont, pour ceux qui savent lire, un moyen de transformation et d’union en Dieu et à lui, et d’élévation.     

Tout ce qui vient de Dieu est moyen d’élévation, de transformation et d’union plus intime à lui. Même les miracles de toutes sortes, les miracles de guérison du corps et de l’âme — surtout ces derniers —, servent à la transformation et à l’union à Dieu. Combien d’incrédules ou de pécheurs purent devenir croyants et furent sauvés par le prodige d’un miracle !       

Il ne faut pas nier les miracles par souci de rationalisme. Ni celui de la création, ni celui de la guérison d’une âme ou d’un corps. La matière fut tirée du néant et ordonnée à sa fin particulière par Dieu. Une âme morte ou souffrant d’une maladie spirituelle inguérissable fut guérie par Dieu, par tel ou tel moyen, mais toujours par Dieu. Un corps condamné à mourir peut être guéri par Dieu. Toujours par Dieu, même s’il se sert d’une apparition ou d’un juste pour convertir et guérir une âme, ou d’une confiance particulière en un saint pour guérir un corps.        

Que les rationalistes apprennent à voir. La raison est certes une grande chose. Une créature rationnelle est une grande chose. Mais l’esprit est bien plus grand. Il est plus grand d’être une créature spirituelle — autrement dit consciente de posséder une âme et qui la place en premier lieu comme reine de son "moi″ élue au-dessus de toute autre chose —. Car si la raison aide l’homme à être un homme et non un animal, l’âme, quand elle est la reine de l’être, fait de cet homme le fils adoptif de Dieu, le fait ressembler à lui, lui permet de participer à sa divinité et à ses biens éternels. Que l’esprit prédomine donc sur la raison et sur la chair (ou humanité). Que le rationalisme ne règne pas, lui qui nie ou veut expliquer ce qui doit être cru avec foi, et que toute explication ou simple tentative d’explication mutile. Cela nuit à la foi, quand elle ne meurt pas tout à fait.          

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603> Que les rationalistes apprennent à voir. Qu’ils retirent les lunettes opaques du rationalisme. Elles ne leur serviront à rien. Elles leur donneront au contraire un aspect altéré des vérités, exactement comme des lunettes, si elles ne sont pas adaptées à l’œil affaibli, ne servent qu’à donner une vue encore plus mauvaise. Celui qui penche vers le rationalisme a déjà une vue spirituelle affaiblie. Lorsqu’il le choisit, il met des lunettes inadaptées à sa vue affaiblie, si bien qu’il voit réellement mal. Qu’ils apprennent à voir, à bien voir et à voir le Bien, à reconnaître l’action continuelle et parfaite de Dieu qui maintient la création à laquelle sa volonté a donné vie, et qui rend santé et vie là où une mort certaine s’installait déjà.

Comment ceux qui veulent expliquer la création et la vie par une autogenèse et une polygenèse peuvent-ils nier que le Tout-Puissant puisse moins que ce qu’il a pu créer à l’origine, qui n’était pas même matière mais seulement chaos et qui n’a consisté d’ailleurs qu’en des choses limitées et imparfaites? Est-il logique, purement logique et raisonnable, d’admettre le miracle du chaos qui s’ordonne tout seul, engendre tout seul la cellule, que la cellule évolue en espèce, et cette espèce en d’autres toujours plus parfaites et plus nombreuses, tandis que Dieu est décrit comme incapable de réaliser tout seul toute la création? Est-il logique et raisonnable de soutenir la thèse de l’évolution de l’espèce, et même d’une espèce donnée jusqu’à la forme animale la plus parfaite puisque dotée de parole et de raison — même cela seulement —, quand on voit que, depuis des millénaires, toutes les autres créatures animales n’ont acquis ni raison ni parole bien qu’elles coexistent avec l’homme ?

Chaque animal est tel qu’il a été créé il y a des millénaires de cela. Il y a eu, certes, des réductions structurelles, des croisements par lesquels les premières races créées ont produit des races hybrides. Mais on n’a jamais vu, au cours des années et des millénaires, le taureau cesser d’être ce qu’il est, pas plus que le lion ou le chien, qui vit pourtant avec l’homme depuis des siècles.           

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604> On n’a pas davantage vu les singes devenir des hommes, ou du moins des animaux hommes, malgré les millénaires passés et ses contacts avec l’homme, dont il peut certes imiter les gestes mais pas la parole. Ces créatures inférieures démentent, avec l’évidence des faits, les élucubrations des amateurs de science uniquement rationnelle. Ils sont tels qu’ils étaient. La variété de leurs espèces témoigne de la toute-puissance de Dieu. Mais elles n’ont pas évolué. Elles sont restées telles qu’elles étaient, avec leurs instincts, leurs lois naturelles, leur mission particulière, qui n’est jamais inutile en dépit de ce qu’elle peut paraître. Dieu ne crée pas d’œuvres inutiles et totalement nuisibles. Le venin du serpent lui-même est utile et a sa raison d’être.

 Que les rationalistes apprennent à voir. Qu’ils ôtent les lunettes du rationalisme scientifique et qu’ils voient à la lumière de Dieu, grâce à la Parole divine qui s’est exprimée par la bouche des patriarches et des prophètes de l’Antiquité, puis des saints, des mystiques et des contemplatifs des temps nouveaux, auxquels un unique Esprit révéla ou rappela des choses secrètes, cachées, ou dont la vérité s’était altérée en passant de bouche en bouche. Qu’ils voient surtout à l’aide de la Parole incarnée et Lumière du monde: Jésus, le Maître des maîtres, qui n’a pas changé une syllabe à la Révélation contenue dans le Livre; au contraire, comme il était l’Omniscient et la Vérité, il connaissait la vérité tout entière et l’a confirmée et restaurée dans sa forme première qui est la seule vraie mais était alors parfois déformée intentionnellement par les rabbins d’Israël.            

Vouloir faire des ajouts à ce que la Sagesse a révélé, que la Tradition a transmis et que la Parole a confirmé et expliqué, c’est ajouter du clinquant à l’or. Ce ne sont pas les jetons de la science qui ouvriront les portes du Royaume des Cieux. Ce sont les pièces de monnaie en or de la foi dans les vérités révélées, les pièces de monnaie en or de l’espérance dans les promesses éternelles, les pièces de monnaie de l’amour mis en pratique parce que cru et espéré, celles qui donnent à l’âme des justes puis au corps et à l’âme des justes leur place dans la Cité éternelle de Dieu.           

L’on ne dira jamais assez que la science est de la paille qui remplit mais ne nourrit pas, une fumée qui cache au lieu d’éclairer et, là où elle étouffe la foi et la sagesse, c’est un poison spirituel qui tue, de l’ivraie qui produit du fruit de faux prophètes qui annoncent une parole nouvelle et de nouvelles théories qui ne sont ni parole divine ni doctrine divine.      

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605> Ailleurs, là où ce qui est mentionné ci-dessus n’est plus présent, certains paraissent en vie mais sont morts — en d’autres termes, ceux qui ont seulement l’apparence de ce qu’ils devraient être et ressemblent en tout point à une belle statue bien décorée, mais insensible et inapte à communiquer à d’autres une vie qu’elle ne possède pas —. Ce sont des bouches qui parlent parce qu’elles ne peuvent se taire, mais qui ne persuadent pas, car il manque à leurs paroles une puissance de conviction. Eux-mêmes ne sont pas convaincus, ils ne peuvent donc convaincre. Ce sont des instruments mécaniques qui s’expriment bien, en termes d’éloquence, mais sans âme.  

Il en a toujours existé. Ce sont ceux dont la vocation est fausse. Ils sont enthousiastes au début, puis cet enthousiasme s’éteint lentement, et ils n’ont pas le courage de s’en aller. Or mieux vaut un pasteur en moins qu’un pasteur qui paraît vivant mais est mort spirituellement, ou près de l’être. Un autre pourrait prendre sa place, un vivant, pour donner la vie. Mais le faux, le plus faux des respects humains les retient d’avouer ouvertement: « Je n’en suis plus capable et je me retire. »           

Il en a toujours existé. Judas de Kérioth en est le prototype. Il aurait mieux valu qu’il se retire plutôt que de rester et d’en venir au délit suprême. « Celui qui a mis la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas apte au Royaume des cieux » (Lc 9, 62), a dit le Maître divin. Et il vaut mieux que celui qui n’en est pas apte parte plutôt que d’en faire périr un grand nombre, d’en faire murmurer plus encore et de porter préjudice au sacerdoce en faisant scandale.       

La foule généralise et voit plus facilement le mal que le bien. Quand on se rend compte qu’on est mort à la mission, il faut se retirer, mais ne pas permettre que la foule juge, en généralisant et en portant tort à tous les autres. Si les branches destinées à transmettre la sève aux fruits deviennent stériles, on les coupe car, non seulement elles sont inutiles, mais elles prennent de la vigueur à l’arbre uniquement pour se parer de feuilles belles mais inutiles.            

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606> Il en a toujours existé, dans tout ce qui a été créé parfait par Dieu, une partie qui n’a pas su le rester. La première défection eut lieu dans l’armée des anges, et c’est un mystère impénétrable que cela ait pu se produire chez des esprits créés en grâce, qui voyaient Dieu, en connaissaient l’essence et les attributs, les œuvres et les desseins futurs. Ils se sont néanmoins rebellés, ils n’ont pas su rester en état de grâce et, d’esprits de lumière qu’ils étaient, vivant dans la joie et la connaissance surnaturelle, ils devinrent des esprits de ténèbres, vivant dans l’horreur.

La seconde défection fut celle des premiers parents, qui est tout aussi inexplicable. Comment se fait-il que deux innocents aient pu préférer écouter le Tentateur et lui obéir plutôt que d’écouter la voix de Dieu qui les enseignait avec amour et leur demandait d’obéir sur un seul point, alors qu’ils jouissaient des bienfaits innombrables de Dieu par leur heureux état de grâce et d’autres dons et alors qu’ils étaient en mesure de connaître et d’aimer Dieu comme personne d’autre — excepté le Fils de l’Homme et sa Mère, qui étaient comblés d’innocence et de grâce —? En outre, l’obéissance que leur demandait Dieu était facile. Car ils n’avaient pas besoin de cueillir ce fruit-là pour être rassasiés. Ils possédaient tout. Dieu les avait comblés de tout ce dont ils avaient besoin pour être heureux, sains de corps et d’esprit. Ils se rebellèrent pourtant, ils désobéirent, ils ne surent pas demeurer en état de grâce. De créatures vivant dans la joie et la connaissance surnaturelle, ils devinrent malheureux et cela affecta leur esprit, leur cœur, leur intelligence et leur corps. Ils avaient les membres épuisés par le travail, l’intelligence prise de peur devant les difficultés du lendemain immédiat, de leur avenir et de leur éternité, le cœur brisé par le meurtre d’un fils et la perfidie d’un autre et l’esprit abattu, pris désormais dans les brumes de la faute qui l’empêchait de comprendre les conseils aimants du Père créateur pour les aider.            

La troisième défection, tout aussi mystérieuse et inexplicable, est celle de Judas de Kérioth. Après avoir voulu de son plein gré appartenir au Christ, avoir profité de son amour pendant trois ans, s’être nourri de sa Parole, il le vendit pour trente deniers quand il vit ses rêves de concupiscence déçus, passant ainsi de l’état d’apôtre — c’est-à-dire élu à la plus haute dignité spirituelle — à celui de traître de l’Ami, de déicide et de suicidé.  

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607> Ce sont là les défections les plus grandes. Mais il en existe toujours, bien que de moindre importance. Car l’homme reste l’homme. Ce qui est créé n’est jamais éternellement parfait, comme l’est le Créateur, excepté le Royaume des cieux où seuls demeurent des esprits confirmés en grâce et qui ne sont plus su jets à pécher, et excepté le Fils de l’Homme et sa Mère. Le premier parce qu’il était l’Homme-Dieu: ayant uni sa personne divine à sa personne humaine, il avait par conséquent uni ses perfections divines à ses perfections humaines. La seconde pour avoir répondu aux dons extraordinaires dont Dieu l’avait comblée dès sa conception par une bonne volonté et une fidélité qui atteignirent une puissance qu’aucun saint n’a jamais atteinte et n’atteindra jamais.         

Que l’homme soit parfois imparfait ne constitue pas une faute impardonnable. Dieu est aussi miséricorde. Il est aussi patience. Il attend que celui qui se trompe se repente, et il pardonne si ce repentir est sincère. Tout homme qui tombe peut donc se relever et redevenir juste. Il peut même devenir plus juste car, conscient de sa faiblesse, il peut être moins orgueilleux et plus miséricordieux envers ses semblables dans son ministère ou dans sa destinée humaine. Dieu sait aussi tirer le bien du mal quand l’homme ne repousse pas ses invitations et ses conseils ni ceux d’autres frères plus saints que lui. Mais quand il se rend compte que l’homme s’obstine dans ses imperfections et se satisfait d’un quiétisme qui ne lui fait commettre ni le bien ni le mal — un quiétisme qui ne lui laisse plus que l’apparence de la vie alors qu’il est mort et que, comme tel, il provoque la mort et l’affaiblissement d’autres personnes —, alors Dieu vient à lui "comme un voleur sans qu’il sache à quelle heure il viendra" (Apocalypse 3, 3).            

Le Maître conseille à ses disciples: « Ceignez-vous et tenez votre lampe allumée. » (Luc 12, 35) Il ne dit pas: « Reposez-vous, dormez, car vous êtes désormais élus, vous êtes comme il faut. » Le serviteur de Dieu est un ouvrier et Dieu veut qu’il travaille à tout instant de sa vie sur terre. Or plus il travaille, plus il reçoit de Dieu des dons d’élévation particuliers et aimants. « À qui on aura beaucoup donné,  il sera beaucoup demandé » (Lc 12, 48). Qu’il agisse à l’exemple du Maître, exemple de patience, de miséricorde et d’amour inlassables.           

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608> Il nous faut donc mesurer les faiblesses des autres à l’aune à laquelle nous voudrions voir Dieu mesurer les nôtres, afin de ne pas encourir la sévérité de Dieu pour en avoir fait preuve nous-mêmes envers les autres. « De la mesure dont vous mesurez, on mesurera pour vous, et on vous donnera encore plus » (Marc 4, 24).

D’autres Églises font preuve de peu de vertu pratiquée avec héroïsme, mais de fidélité à la Parole aussi bien chacun pour soi que pour travailler à ce que les autres soient fidèles ou le deviennent, ainsi que de constance à confesser le Nom du Seigneur même face aux railleurs ou aux ennemis du catholicisme.          

Il ne s’agit pas là de persécuteurs, mais d’opposants, d’égarés, d’ignorants de ce Nom et de celui qui le porte. Ceux-là appartiennent à la "synagogue" de Satan ou à celle du monde (Apocalypse 3, 9), parce qu’ils ne sont pas instruits dans la vérité, avec patience et amour selon l’esprit de l’Évangile, de son auteur - Jésus - et de sa gardienne et dispensatrice - l’Église romaine -.  

Ces âmes sont dans les ténèbres mais tendent instinctivement à la lumière. Elles sont dans l’erreur d’un culte idolâtre ou séparé, mais elles tendent instinctivement à la vérité. Par nature, elles tendent au bien et appartiennent ainsi à leur insu à l’âme de l’Église; il ne leur manque qu’une main, une parole, une aide apostoliquement fraternelles pour devenir membres vivants du Corps mystique et adorateurs du vrai Dieu.           

Or, il est certain que celui qui sauve ou donne vie à une seule âme sauve la sienne et lui apporte le prix de la vie éternelle — car Dieu est infiniment reconnaissant à celui qui lui donne un enfant — Et il est tout aussi certain que Dieu pardonnera bien des choses à ceux qui s’emploient à faire remettre beaucoup d’âmes sur les voies du Seigneur — les voies qui mènent au ciel —, en gardant grandes ouvertes la porte de la miséricorde, de la vérité, de la sagesse, c’est-à-dire l’Évangile afin que, à l’invitation de ce ministre de Dieu, tous ceux qui le désirent le puissent aisément.   

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609> Après avoir passé en revue et comparé les sept Églises de l’époque et l’état actuel des diverses religions et Églises, un avertissement et une incitation en découlent: ne pas laisser mourir la charité; ne pas suivre des doctrines humaines trop semblables à celle de Balaam, qui sont occasion de scandale, d’empoisonnement et de fornication spirituelle, pour les petits — pour ce qui est du "scandale" —, comme pour les grands à propos des deux autres choses; combattre tous ceux qui fréquentent des personnes des ténèbres ou en accomplissent les actes, car ils forniquent ainsi avec les puissances du mal et du mensonge et se nourrissent d’aliments mentaux sacrifiés et offerts aux idoles d’une science et d’une curiosité impures; se débarrasser du quiétisme et redevenir vivant, pour donner la vie; réparer les vertus affaiblies en œuvrant de toutes ses forces disponibles à porter autrui à la connaissance de Dieu et de l’Évangile et par conséquent aux vertus, afin que les sauvés plaident pour leur sauveur auprès du Père des cieux et de tous les hommes; être ardent pour enflammer, resplendir pour illuminer, se détacher de ce qui est concupiscence même en ce qui concerne les richesses, le pouvoir, la santé et un confort humain tranquille, pour se revêtir de spiritualité et être libre, sans rien qui fasse obstacle au travail apostolique.        

Alors ceux qui auront voulu devenir saints et auront vaincu tout ce qui s’oppose à la sainteté recevront le "nom nouveau" (Apocalypse 2-3), se nourriront de "l’arbre de vie″, de la "manne cachée″, ils porteront des "vêtements blancs″, ils seront couronnés de la "couronne" de gloire céleste, ils seront établis "colonnes"  du Temple éternel et "siègeront sur le trône" préparé pour les vainqueurs.

Chapitre IV 

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La grandeur de la vision augmente, et cela accroît la puissance de l’extase, car le voyant n’est plus appelé à voir les événements actuels de son temps, signes et figures de ce qui, de manière différente et pour diverses causes, allait se répéter au cours des siècles, mais des choses surnaturelles et des événements futurs, les premières connues des citoyens des cieux, les seconds de Dieu seul.

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Dans une nouvelle théophanie qui tout à la fois ressemble et ne ressemble pas à celle d’Ezéchiel, il voit la gloire du Seigneur assis sur le trône céleste sous une apparence d’homme, mais d’homme doublement glorifié en tant que Dieu et qu’Homme Dieu, le Saint des saints, le Saint parmi les saints.

 

 

Car nul homme ne fut aussi saint que le Fils de l’Homme. Il a donc un corps rendu lumière "pareil à une lueur et au feu", dit Ezéchiel (Ez 1, 27-28), "semblable au jaspe et à la sardoine", dit Jean, et tous deux terminent: « entouré d’un éclat pareil à l’arc-en-ciel. » (Apocalypse 1, 3).  

D’autres prophètes également l’avaient vu ainsi, resplendissant, vêtu de lin, semblable à du bronze ou à un autre métal ardent, lui, le Fils de Dieu et de l’homme depuis qu’il était encore le Verbe dans le sein du Père; et des siècles devaient s’écouler avant qu’il ne prenne chair humaine et que cette chair, glorifiée après son sacrifice parfait, monte au ciel pour y demeurer, en tant que Dieu Homme, Roi éternel, Juge universel, Grand-prêtre et Agneau, Vainqueur du mal, de la mort, du temps, de tout ce qui est, parce que le Père lui a remis tout pouvoir et toute primauté.     

Mais si les anciens prophètes ne virent que l’Homme-Dieu, quelques autres virent l’Homme-Dieu porté sur son trône par ses principaux confesseurs, les quatre évangélistes, dont l’aspect symbolisait leur nature spirituelle: Matthieu, l’homme, entièrement homme par le passé et homme pour décrire le Fils de l’Homme; Marc, le lion, par son annonce du Christ aux païens plus encore que par sa description du temps du Christ par son évangile, dans lequel pourtant, en lion, il préféra faire ressortir la figure du divin Thaumaturge plutôt que celle de l’Homme-Dieu comme Matthieu l’avait fait. Et cela dans le but de stupéfier et de conquérir les païens, toujours séduits par ce qui tenait du prodige.          

Luc, patient et fort comme le bœuf pour compléter, par des recherches patientes jusque sur ce qui avait précédé l’œuvre apostolique proprement dite du Christ et de ses disciples, l’œuvre de Dieu pour le salut de l’humanité. Car cette œuvre d’amour infini a débuté par la conception immaculée de Marie, par la plénitude de la grâce qui lui a été accordée, par la continuelle communion de Marie à son Seigneur qui, après l’avoir créée, en Père, avec une perfection unique par rapport à tous les corps nés d’un homme et d’une femme, comme sa fille bien-aimée, la combla ensuite de sa lumière: le Verbe. Celui-ci s’était révélé à elle par des leçons divines et intimes qui lui permirent de devenir le siège de la Sagesse dès ses plus tendres années, tandis que l’Esprit Saint, dans son amour éternel des purs, déversait en elle les feux de sa charité parfaite et, faisant d’elle un autel et une arche plus sainte et bien-aimée que ceux du Temple, trouvait en elle son repos et y rayonnait de tout l’éclat de sa gloire.       

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611> Dans les temps anciens, quand le Tabernacle fut construit, une nuée de feu le couvrait nuit et jour (Nb 9, 15-23) qu’il soit immobile ou en pèlerinage vers sa destination, et le peuple de Dieu s’arrêtait ou avançait selon ce que faisait la nuée, qui n’était autre que le témoignage de la gloire du Seigneur et de sa présence.        

Au début des temps nouveaux, du temps de la grâce, la nuée de feu du Seigneur — ce feu qui envahit et protège de tout assaut de l’éternel Adversaire, plus actif que jamais puisqu’il se rendait compte de sa défaite prochaine — couvrit un Tabernacle bien plus saint, en attendant de le couvrir d’une manière plus grande pour dissimuler le plus grand mystère des noces fécondes entre Dieu et la Vierge, dont le fruit fut l’incarnation du Verbe.

La gloire du Seigneur ne cessa de couvrir la Vierge inviolée, la Mère déipare, qu’elle soit immobile ou qu’elle se déplace sur l’ordre de Dieu qui la conduisit de Nazareth au Temple, du Temple à Nazareth comme vierge et épouse, de Nazareth à Hébron et à Bethléem comme vierge et mère, et de Bethléem à Jérusalem pour confirmer la prophétie de Siméon, puis de Bethléem en Egypte pour la protection de celle qui était haïe parce que Mère de Dieu, de Nazareth à Jérusalem pour la conduire là où l’Enfant se tenait au milieu des docteurs, de Nazareth à tel ou tel endroit où son Fils-Maître était persécuté et affligé, de Nazareth à Jérusalem et au Golgotha pour participer à la rédemption, de là au mont des Oliviers d’où le Fils monta vers son Père, enfin du mont des Oliviers au ciel dans l’extase finale par laquelle le Feu allait aspirer à lui sa Marie comme le soleil aspire à lui une goutte pure de rosée.      

Luc, seul et patient, interrogea et mit aussi par écrit ce que l’on peut qualifier de prologue de l’Évangile, ce qui signifie annonce, si l’on parle de Notre-Dame de l’Annonciation sans laquelle — et sans l’obéissance absolue de laquelle — la rédemption n’aurait pu s’accomplir.          

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612> C’est le propre du bœuf de ruminer ce qui a été avalé depuis un certain temps. Luc l’imite. Le temps avait englouti depuis plusieurs années les épisodes préliminaires à la venue du Messie en tant que tel, à savoir comme Maître, Sauveur et Rédempteur. Luc les ramène à la surface. Il nous montre la Vierge comme l’instrument nécessaire pour que nous ayons Jésus Christ, l’Homme-Dieu. Il nous révèle la femme très humble et pleine de grâce, très obéissante par son: "Qu’il me soit fait selon ta parole " (Lc 1, 38), très charitable lorsqu’elle court avec une sainte hâte chez sa cousine Elisabeth pour lui servir de réconfort, d’aide et — sans s’en douter — de sanctification pour celui qui devait préparer la route au Seigneur Jésus, son Fils; elle est aussi la femme très pure et inviolée physiquement, moralement et spirituellement, de sa conception à son passage extatique de la terre au ciel.           

« Cette porte sera fermée. On ne l’ouvrira pas, on n’y passera pas, car Yahvé, le Dieu d’Israël, y est passé. Aussi sera-t-elle fermée. Mais le prince, lui, s’y assiéra pour y prendre son repas en présence de Yahvé. C’est par le vestibule de la porte qu’il entrera et par là qu’il sortira" (Ez 44, 2-3). Paroles mystérieuses au sens obscur jusqu’à ce que la conception de Marie et sa maternité divine les rendent claires à ceux qui, sous le rayon de la lumière éternelle, surent en reconnaître la juste signification.           

Marie était vraiment cette porte fermée, cette porte extérieure du sanctuaire tournée vers l’Orient. Porte fermée, car rien de terrestre n’entra jamais en celle qui était la Pleine de grâce. Porte extérieure parce qu’elle se tenait entre le ciel — la demeure du Dieu un et trine — et le monde, si près de Dieu qu’elle était semblable à la porte qui, du Saint des Saints, s’ouvrait sur le Saint. Marie fut et demeure réellement une porte pour les hommes, afin qu’ils passent par le Saint pour entrer dans le Saint des Saints et y établissent leur demeure éternelle avec celui qui y habite. Porte tournée vers l’Orient, autrement dit vers Dieu seul, que les hommes inspirés de l’Antiquité appelaient l’Orient. Et, en vérité, Marie avait les yeux de son âme fixés sur Dieu.  

Porte fermée par laquelle personne n’allait entrer, hormis le Seigneur pour l’aimer comme Père, comme Fils et comme Esprit, pour la rendre féconde sans lésion, pour se nourrir d’elle et prendre corps, se nourrir devant son Père divin; ainsi accomplis sait-il son premier acte d’obéissance de Fils de l’Homme qui, dans l’obscurité d’un sein de femme, ferme et limite son immensité et sa liberté divines pour s’assujettir à toutes les phases qui règlent une gestation de même que, ensuite et toujours en se nourrissant d’elle, il suivra toutes les phases de la croissance pour passer de la condition de bébé à celle d’enfant.        

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613> Porte fermée qui ne s'ouvrit pas même pour la plus sainte des maternités: en effet, tout comme Dieu passa par le vestibule brûlant d’amour de Marie pour entrer en elle par un moyen connu de lui seul, il vint à la lumière de la même manière, lui qui est la Lumière et l’Amour infinis, tandis l’ardeur de l’extase brûlait en Marie et faisait d’elle un autel étincelant sur lequel l’Hostie fut déposée et offerte pour apporter le salut aux hommes.  

Bien des siècles après Ezéchiel, Paul dira, dans sa lettre aux Hébreux: « Le Christ..., traversant le tabernacle le plus grand et le plus parfait qui n’est pas fait de main d’homme » (Hébreux 9, 11).         

Ce texte fit l’objet de nombreuses interprétations, d’ailleurs justes. Mais il en est une autre. La voici: Jésus vint aux hommes, parmi les hommes, en traversant un tabernacle plus grand, à la beauté surnaturelle, et plus parfait que celle qui était le but des Hébreux de Palestine et de la Diaspora: celui-ci, en effet, n’est pas parfait du point de vue architectural, mais par sa sainteté; il n’était pas fait de main d’homme avec du marbre, de l’or et des vélariums ornés, mais créé — on pourrait presque dire "fait" par Dieu tant il veilla sur sa formation afin que le Verbe trouve, le temps de son Incarnation venu, un tabernacle en bon état, saint, choisi, parfait en tout point, digne d’accueillir sa divine sainteté et d’en être la demeure temporaire —.     

Luc qui, en plus d’être évangéliste était médecin, nous présente la Mère après une patiente étude de médecin qui ne s’arrête pas aux faits objectifs et au sujet étudié, mais examine le milieu de vie et l’hérédité dans lesquels le sujet a vécu, dont il a pu prendre les caractères psychophysiques. Il désire nous présenter ainsi le Dieu incarné, le Fils de l’Homme, et nous faire mieux comprendre sa douceur — même s’il sait être fort si nécessaire —, sa tendresse pour les malades et les pécheurs désireux de guérison physique ou spirituelle, son obéissance parfaite jusqu’à la mort, son humilité qui ne recherchait pas les éloges mais conseillait au contraire: « Ne parlez pas de ce que vous avez vu », sa force qui savait dépasser toute affection ou peur humaines pour mener à bien sa mission, et sa pureté grâce à laquelle rien ne pouvait ébranler ses sens ni nourrir en lui, même fugitivement, la moindre passion qui ne soit pas bonne. Or sa Mère forma toute seule son Fils et lui transmit, avec son seul sang qui devait le revêtir de chair, sa ressemblance, et même davantage; en tant qu’homme, les traits et les manières de Jésus étaient plus virils; en tant que femme, l’apparence et le style de Marie étaient plus doux.          

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614> Mais on reconnaît bien chez l’enfant qui sait répondre: « Pourquoi donc me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père? » (Luc 2, 49) comme chez l’adulte qui dit: « Que me veux-tu, femme ? » (Jean 2, 4) et affirme: « Qui est ma mère et qui sont mes frères ?... Quiconque fait la volonté de mon Père » (Mt 2, 48-50), la force qui lui est communiquée par celle qui a toujours su souffrir fortement et pour bien des raisons: la mort de ses parents, la pauvreté, le soupçon de Joseph, le voyage à Bethléem, la prophétie de Siméon, la fuite et l’exil en Egypte, la perte de Jésus, la mort de son époux, l’abandon de son Fils qui entreprend sa mission, la haine du monde juif envers lui, enfin le martyre de son fils sur le Golgotha.   

On reconnaît bien dans la douceur du fils la douceur héritée de sa Mère, et il en va de même de son humilité, de son obéissance ou de sa pureté. Toutes les vertus les plus élevées de la Mère se retrouvent chez le Fils. Jésus nous révèle le Père, c’est vrai, mais Marie nous le révèle aussi. L’on peut donc affirmer que celui qui veut connaître Marie — que les évangélistes et les Actes des apôtres nous révèlent trop peu — doit regarder son Fils qui a tout pris d’elle, et d’elle seulement, excepté sa nature divine de Premier-né et de Fils unique du Père.         

« Que la volonté de Dieu soit faite ", dit Marie en Lue 1, 38. « Que ta volonté soit faite », dit Jésus en Luc 22, 42. « Bienheureuse celle qui a cru », dit Elisabeth à Marie (Lc 1, 45). Et Jésus loue ceux qui savent croire à bien des reprises au cours de sa période d’évangélisation.   

« Il renverse les puissants de leur trône et il élève les humbles », professe Marie dans son Magnificat (Lc 1, 52) ; et Jésus dit: « Je te remercie, Père, d’avoir caché ces choses aux sages et aux puissants et de les avoir révélées aux petits. » (Lc 10, 21 - Mt 11, 25)

Le Verbe, la Sagesse du Père, fit de sa Mère un maître en sagesse. Et cette dernière transmit à son Fils, avec son seul sang, son lait et ses soins maternels, les pensées élevées qui avaient toujours occupé son intelligence sans faille ainsi que les sentiments éminents qui, seuls, vivaient dans son cœur sans tache.   

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615> Jean, le quatrième évangéliste, est l’aigle. Il tient de l’aigle le vol haut, puissant et solitaire, ainsi que la capacité à fixer le soleil. On retrouve chez Jean l’évangéliste la noblesse de cet oiseau royal, son vol puissant et le pouvoir de fixer le soleil divin, Jésus — Lumière du monde, Lumière du ciel, Lumière de Dieu, Splendeur infinie —, le pouvoir de s’élever à des hauteurs surnaturelles qu’aucun autre évangéliste ne sut atteindre comme, par cette ascension, le pouvoir de pénétrer le mystère, la vérité et la doctrine, tout sur l’Homme qui était Dieu.           

En planant comme un aigle royal bien haut au-dessus des réalités de la terre et de l’humanité, il a vu le Christ sous sa véritable nature de Verbe de Dieu. Plus que le thaumaturge et le martyr Jean nous présente "le Maître″, l’unique Maître parfait que le monde ait connu. Le Maître-Dieu, la Sagesse faite chair et enseignante orale des hommes, le Verbe ou Parole du Père, autrement dit la Parole qui rend sensibles aux hommes les pensées de son Père, la Lumière venue éclairer les ténèbres et faire fuir la pénombre.   

L’évangile de Jean nous présente sincèrement les vérités les plus sublimes, les plus suaves, les plus profondes, comme les vérités les plus rudes. De son œil d’aigle et par l’élévation de son esprit à la suite de l’esprit du Maître, il a vu de haut les grandeurs sublimes comme les extrêmes bassesses, il a mesuré toute l’étendue de l’amour du Christ et de la haine du monde juif pour le Christ; il a vu le combat entre la lumière et les ténèbres — ces ténèbres trop nombreuses —, c’est-à-dire celles de trop d’ennemis de son Maître, parmi lesquels se trouve même un disciple et apôtre que Jean désigne clairement, dans son évangile de la vérité et de la lumière, par un de ses vrais noms: "voleur"; il a vu les complots obscurs, les pièges subtils employés pour faire que le Christ soit mal vu des Romains, des juifs et de ces "petits" qui formaient le troupeau des fidèles du Christ. Il les connaît toutes et les fait connaître, tout en montrant Jésus dans sa sainteté sublime, non seulement de Dieu mais aussi d’homme.  

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616> C’est un Homme qui ne fait pas de compromis avec ses amis pour gagner leur amitié. Un Homme qui sait dire la vérité aux puissants et démasquer leurs fautes et leurs hypocrisies. Sans empêcher les personnes méritantes de l’approcher si elles sont poussées par un vrai désir de l’âme d’être sauvées, il sait jeter l’anathème sur ceux qui, même s’ils sont puissants, cherchent à le circonvenir par de fausses professions d’amitié pour pouvoir le prendre en faute. Il respecte la Loi mais écrase tout ce qu’on y surajoute, les "fardeaux" que les pharisiens font peser sur les petits. Il refuse le royaume et la couronne terrestres et les fuit pour s’en libérer, mais ne cesse de proclamer son Royaume spirituel (Jean 6, 15), et il prend la couronne du Rédempteur pour confirmer par son propre sacrifice son enseignement sur le sacrifice; il est l’Homme très saint qui a tout voulu connaître de l’homme, sauf le péché.         

L’aigle ne chante pas, au contraire des autres oiseaux, plus ou moins mélodieusement, mais il lance un cri strident à faire trembler le cœur des hommes et des animaux tant il est affirmation de puissance. Jean, de même, ne chante pas avec douceur l’histoire du Christ, mais il lance un cri strident pour célébrer le Héros, un cri si puissant pour affirmer la divinité et la sagesse lumineuse du Christ qu’il en fait trembler l’âme et le cœur dès les premiers mots de son prologue.        

L’aigle aime les sommets solitaires sur lesquels le soleil darde tous ses feux, et plus le soleil resplendit plus l’aigle le fixe, comme fasciné par son éclat et sa chaleur. Jean était lui aussi un solitaire, même s’il vivait avec ses compagnons aussi bien avant qu’après la Passion et l’Ascension du Maître; c’était vraiment un apôtre différent, un homme et un disciple unique sous bien des aspects, qui n’était uni aux autres que par un très vif amour. Lui aussi, à l’instar de l’aigle, aimait à se tenir sur les sommets, sous l’incendie de son Soleil et ne regarder que lui, en écouter chaque parole prononcée ou secrète, c’est-à-dire les leçons et les conversations profondes et aimables du Christ, comme ses effusions solitaires, ses prières et communions au Père, dans le silence de la nuit ou au plus profond des bois, là où le Christ — ce grand solitaire, puisque grand inconnu et incompris — s’isolait pour trouver quelque réconfort dans l’union à son Père.  

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617> Jésus est le Soleil de l’Amour, Jean celui qui aime le Soleil de l’Amour, l’homme vierge épousé par l’Amour, attiré, lui le pur, par Jésus, qui est pureté parfaite. L’amour permet de comprendre d’une façon toute particulière. Et plus l’amour est fort, plus celui qui aime comprend les mouvements intimes de l’être aimé. Jean, qui fut si fidèle à Jésus en tant que Dieu et homme et l’a tant aimé, comprit toutes choses comme lui, comme s’il ne se trouvait pas sur son divin cœur, mais dans son cœur.   

Personne n’a compris le Christ intime aussi bien que Jean. Il en a connu toutes les perfections. Il a pénétré dans le mystère et l’océan de ses vertus et a vraiment mesuré la hauteur, la largeur et la profondeur de ce Temple vivant non fait de main d’homme et que les hommes cherchaient en vain à détruire. Des dizaines d’années plus tard, il les a écrites et décrites, nous laissant l’évangile le plus parfait en véridicité historique, le plus puissant en doctrine, le plus lumineux de lumières sapientielles et caritatives, le plus fidèle pour décrire les épisodes et les caractères, capable de dépasser les étroitesses d’esprit des juifs et de décrire même ce que les autres évangélistes n’avaient pas osé dire: la Samaritaine, l’officier royal, le scandale, la fuite et la révolte des disciples contre le Maître après le discours sur le Pain descendu du ciel, et encore la femme adultère, les discussions ouvertes avec les juifs, les pharisiens, les scribes et les docteurs de la Loi, le fait qu’il se soit réfugié en Samarie à Ephraïm, ses contacts avec les païens, la vérité sur Judas "qui était un voleur", ou bien d’autres choses encore.      

Lorsqu’il écrivit son évangile, Jean était plus qu’un homme mûr puisqu’il avait atteint un âge avancé, mais il est toujours resté jeune en raison de sa pureté et toujours aussi brûlant d’amour pour le Christ, car nul autre amour humain n’avait détourné la moindre flamme de son amour pour l’Aimé; Jean, l’aigle aimant du Christ, nous a révélé le Christ avec une puissance supérieure à toute autre, uniquement inférieure à celle du Christ nous révélant son Père, laquelle était infinie puisque c’était la puissance même de Dieu.       

Les quatre Vivants qui se tenaient autour du trône étaient constellés d’yeux (Apocalypse 4, 7-8). Ils étaient en effet les contemplatifs, ceux qui avaient bien contemplé le Christ pour bien pouvoir le décrire et le confesser.

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618> Mais Jean, l’aigle, l’avait contemplé en aigle de ses yeux mortels et immortels, en pénétrant d’un regard d’aigle dans l’ardent mystère du Christ. Par-delà la vie sur terre, désormais aux côtés de l’Aimé, il le fixe d’un regard parfait qui pénètre jusqu’au cœur du mystère et entonne l’hymne de louange que les autres Vivants et les vingt-quatre autres vieillards suivent, pour encourager leur âme à annoncer les événements des derniers temps: l’horreur suprême, la persécution suprême, les fléaux ultimes et les suprêmes victoires du Christ, ainsi que les joies suprêmes et éternelles de ses disciples fidèles.        

Les premiers mots de son cantique évangélique constituent une louange à la Lumière. Les derniers mots de l’Apocalypse sont un cri de réponse aimante en même temps qu’un appel aimant: « Oui, mon retour est proche! »,  « Viens, Seigneur Jésus! » Plus que tout, ces deux cris, celui de l’être aimé et celui de l’être aimant, nous dévoilent qui était Jean pour Jésus, et Jésus pour Jean. Il était: l’Amour.          

Cet homme porté par un amour ardent qui s’éleva par l’esprit et l’intelligence en des sphères éminentes et pénétra les mystères les plus élevés comme aucun autre apôtre ou évangéliste, comparons-le à l’homme, à Matthieu. Jean était tout esprit, de plus en plus esprit; Matthieu était matière, complètement matière jusqu’à ce que le Christ le convertisse et en fasse son disciple. Jean était un ange à l’apparence humaine, mieux, un séraphin dont les ailes d’aigle l’emportaient là où il est donné à bien peu de personnes de s’élever; Matthieu était un homme, même après sa conversion qui le fit passer de l’état de pécheur à celui d’homme de Dieu, c’est-à-dire un homme à nouveau élevé à l’état de créature raisonnable et destiné à la vie éternelle du ciel. Mais il reste un homme, sans la culture de Luc, sans la sagesse surnaturelle de Jean, sans la force de lion de Marc. Sur l’échelle mystique des évangélistes, on peut placer Matthieu au premier degré, Marc au quart de l’échelle, Luc à mi-hauteur et Jean au sommet.           

Mais le fait d’être resté "homme" ne lui porta pas tort, bien au contraire: cela servit à le faire grandir en perfection tout en le gardant humble, repentant de son passé, de même que sa description du Verbe fait chair, "homme" plus que Maître, thaumaturge ou Dieu, servit, à l’époque et dans les siècles à venir, à rappeler, confesser et affirmer la vraie nature du Christ, qui était éternellement le Verbe du Père mais aussi l’Homme réellement incarné, par un miracle unique et divin, dans le sein de la Vierge pour devenir le Maître et Rédempteur pour les siècles des siècles.      

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619> Il n’a connu ni les extases d’amour de Jean ni l’admirable économie de Luc, qui ne s’est pas borné à parler du Christ Maître mais nous relate même ce qui constitue la préparation au Christ, à savoir sa Mère et les événements qui ont précédé les manifestations publiques de Jésus Christ, pour nous faire tout connaître, pour confirmer les prophètes et pour détruire — par le récit exact de la vie cachée de Jésus, de Marie et de Joseph — les futures hérésies qui allaient survenir, et ne sont d’ailleurs pas toutes éteintes. Ces dernières altèrent la vérité sur le Christ, sur sa vie, sur son enseignement et sur sa personne qui était en bonne santé, forte, patiente, héroïque comme nulle autre ne le fut jamais.           

Qui nous montre aussi bien que Luc le Christ sauveur et rédempteur qui commence sa Passion par la sueur de sang de Gethsémani? Mais si Luc est l’historien érudit, Marc est l’impulsif qui impose le Christ aux foules païennes en mettant en évidence la puissance surnaturelle, et même divine, de ses miracles de toutes sortes.           

Chaque évangéliste a servi à composer la mosaïque qui nous révèle Jésus Christ Homme-Dieu, sauveur, maître, rédempteur, vainqueur de la mort et du démon, juge éternel et Roi des rois pour l’éternité. C’est la raison pour laquelle, dans la théophanie décrite par l’apôtre Jean dans son Apocalypse, ils servent tous les quatre, sous l’aspect propre à chacun, de fondement et de couronne au Trône où siège celui qui est, qui était et qui doit venir, et qui est l’Alpha et l’Oméga, le principe et la fin de tout ce qui était, est et sera (Apocalypse 4, 5-9); et leurs voix, unies à celles des vingt-quatre vieillards — c’est-à-dire des douze principaux patriarches et des douze plus grands prophètes, ou prophètes majeurs — chantent un hymne de louange éternel à celui qui est très saint et tout-puissant.

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620> Douze plus douze: ce nombre était un nombre sacré pour les juifs. Il y a douze patriarches, douze fils de Jacob, douze tribus d’Israël; et s’il n’y a que dix commandements de la Loi — les commandements donnés par Dieu le Père à Moïse au Sinaï (Ex 20) —, ils sont en réalité au nombre de douze depuis que le Verbe du Père, la sagesse éternelle et parfaite, a complété et perfectionné la Loi en enseignant les commandements des commandements: « Aime Dieu de tout ton être et ton prochain comme toi-même. » Car ces deux premiers commandements — les principaux — servent en réalité de fondement de vie aux dix autres: en effet, les trois premiers ne peuvent être pratiqués si l’on n’aime pas Dieu de tout son être, de toutes ses forces et de toute son âme, de même que les sept autres ne peuvent l’être à moins d’aimer le prochain comme soi-même en ne manquant pas à l’amour, à la justice, à l’honnêteté dans aucun domaine et à l’égard de toute autre personne.          

La Loi prescrivait qu’un enfant juif devait avoir douze ans pour devenir un fils de la Loi. Et Jésus, fidèle à la Loi, voulut douze apôtres pour le suivre, parce que ce nombre était sacré. Si par la suite un rameau pourri est tombé et que la nouvelle plante en a gardé onze seulement, un nouvel et saint rameau ne tarda pas à renaître sur la plante du christianisme, de manière à rétablir le nombre sacré.        

Que de nombres sacrés en Israël! Chacun fut ensuite transféré à la nouvelle Église avec son symbolisme: le trois, le sept, le douze, le soixante-douze. Et la vérité resplendira dans les temps futurs sur les nombres encore obscurs que contient l’Apocalypse, nombres qui tendent à indiquer d’un côté la perfection et la sainteté infinies, de l’autre l’impiété elle aussi sans mesure.    

Jehoshua = Perfection, sainteté, salut est un mot à huit lettres. Satana[1] = Impiété, ennemi du genre humain, perfection du mal, est un mot à six lettres.     

Or puisque le premier est le nom du Bien parfait et le second celui du Mal parfait, c’est-à-dire sans mesure, chacun d’eux multiplie par trois (chiffre de la perfection) le nombre de ses lettres, le premier devenant ainsi huit cent quatre-vingt-huit et le second six cent soixante-six. Malheur, quatre fois malheur à ces jours où le Bien infini et le Mal infini se livreront l’ultime combat avant la victoire définitive du Bien et des bons, et la défaite définitive du Mal et de ses serviteurs!          

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621> Tout ce qui a pu exister d’horreur et de sang depuis la création de la terre ne sera rien en comparaison de l’horreur de cet ultime combat. C’est pourquoi Jésus, le Maître, a parlé si clairement à ses disciples lorsqu’il a prédit les derniers temps: pour préparer les hommes à ces combats ultimes où seuls ceux qui auront une foi intrépide, une charité ardente et une espérance inébranlable pourront persévérer sans tomber sous le coup de la damnation et mériteront ainsi le ciel.   

Or le monde ne cesse de descendre vers l’abîme, vers la non-foi ou une foi trop faible; la charité et l’espérance s’affaiblissent chez un trop grand nombre de personnes — elle est même déjà morte chez beaucoup —; c’est pourquoi il faudrait utiliser tous les moyens possibles pour que Dieu soit mieux connu, aimé et suivi. Ce qu’un prêtre, fui ou non écouté par trop de gens, ne peut obtenir, la presse, les livres par lesquels il faut à nouveau présenter la Parole de Dieu aux foules, le peuvent.    

Un mot suffit parfois à relever un esprit abattu, à ramener sur le droit chemin une âme égarée, à empêcher le suicide définitif d’une autre.         

C’est la raison pour laquelle Dieu, qui voit et sait tout des hommes, révèle par les moyens de son amour infini ses pensées et ses désirs à des âmes choisies par lui pour cette mission; il veut que son aide ne reste pas inféconde et souffre de voir ce qui est destiné à être nourriture de salut pour beaucoup ne pas leur être transmis.         

Le besoin des âmes faibles d’obtenir quelque nourriture spirituelle ne cesse d’augmenter. Mais le grain élu, donné par Dieu, demeure enfermé et inutile, de sorte que la faiblesse s’accroît, ainsi que le nombre de personnes qui périssent, moins dans cette vie que dans l’autre.  

Quand une connaissance plus vraie, plus étendue, plus profonde du Christ permettra-t-elle, une fois levés enfin les sceaux mis sur ce qui est source de vie, de sainteté et de salut éternel, à une multitude d’âmes de chanter l’hymne de joie, de bénédiction, de gloire à Dieu qui les aura aidées à se sauver et à faire partie du peuple des saints?        

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622> Avec quels mots et quels regards le Juge éternel s’adressera-t-il à ceux qui auront empêché nombre d’âmes de se sauver, et ce de leur propre volonté? Comment leur demandera-t-il compte de ceux qui n’auront pu aller au ciel parce qu’eux, à l’instar des scribes et des pharisiens d’autrefois, leur ont fermé à la figure la route qui pouvait les mener au Royaume des cieux (Matthieu 23,13) et, s’aveuglant volontairement et endurcissant leur cœur (Isaïe 6,10), ont refusé de voir et de comprendre?

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Il sera alors trop tard et inutile de se battre la coulpe et de demander pardon pour avoir agi de la sorte.        

Désormais le jugement sera prononcé irrévocablement: ils devront expier leur faute et payer même pour ceux que, par leur action, ils auront empêché de retrouver Dieu et de se sauver.

 

 

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